Elections en Haïti, un véritable casse-tête

Article : Elections en Haïti, un véritable casse-tête
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4 décembre 2014

Elections en Haïti, un véritable casse-tête

Les élections législatives auront enfin lieu. Je crois que oui. Sinon, Haïti sera davantage en ébullition, et les rapaces fondront à discrétion sur cette proie tentante, combien convoitée, qu’est Haïti. Oui, les rapaces qui disent vouloir aider Haïti.

Les manifestations continues des Haïtiens opposants au gouvernement pour la tenue d’élections libres, témoignent de la prévarication du Président Michel Martelly et du Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe. On ne cesse de crier A bas ! alors que le mandat du parlement actuel devrait prendre fin le 12 janvier 2015 si le Gouvernement ne différait pas les élections législatives et municipales initialement prévues le 26 octobre. L’opposition, craignant qu’un éventuel vide parlementaire ne conduise Michel Martelly à gouverner par décrets, tient à ce que les élections aient lieu convenablement. Leur seul moyen d’actionner le gouvernement est de fomenter des troubles, sans penser à leurs incidences sur la vie socioéconomique de la masse populaire.

Dans le souci d’éviter une crise plus complexe en 2015, le chef de l’Etat souligne l’urgence d’une solution. Ainsi, il a préconisé une commission consultative, à défaut de quoi le pays serait confronté à une situation préjudiciable à la souveraineté nationale après le départ de la 49ème législature. Cette commission constituée de 11 membres va plancher sur une proposition de sortie de crise, dans un délai de huit jours (jusqu’au 5 décembre). Sa mission, selon M. Gérard Gourgues, est de travailler à créer un itinéraire par lequel passeront les forces vives de la nation, les partis politiques et les institutions pour aboutir aux élections…

Les élections législatives et municipales ainsi que les présidentielles, a avancé le chef de l’Etat, doivent avoir lieu durant la même année. Quant aux présidentielles, elles se réaliseront en octobre 2015 selon les échéances constitutionnelles, moyennant que des complications financières ne viennent se greffer là-dessus.

Toutefois, point n’est besoin de s’en prendre au chef de l’Etat, car cette crise électorale est, pour lui, comparable à celle connue par ses prédécesseurs entre 1992 et 2010. En outre, il déplore le comportement des sénateurs de l’opposition qui ont empêché le vote des amendements de la loi électorale. Ce comportement dénote, pour les pro-gouvernementaux, un blocage juridique volontaire.

Par ailleurs, le président Martelly trouve ses pieds dans son petit soulier de baptême. Cette commission lui est un véritable fouet, surtout avec M. Gérard Gourgues, cet homme de loi âgé de 89 ans, qui se passe de présentation. M. Gérard Gourgues lui met les bâtons dans les roues. Il déclare : « Monsieur le président de la République, les décisions que nous aurons à prendre après examen du dossier, les formules que nous aurons à adopter vous seront transmises et nous vous demanderons dans l’immédiateté de vouloir les traduire en acte pour que la nation puisse dire que nous avons enfin un gouvernement, une élite capable… » Il a ensuite, dans son discours, fait savoir au chef de l’Etat que ce ne seront pas des conseils, mais des ordres, des recommandations impératives. Ces propos lui ont valu un tel tonnerre d’ovations que le président Martelly est resté bouche bée. Sans pitié, il a martelé qu’il faut dire halte-là à la médiocrité, halte-là aux ambitions malsaines et traçons la route directe pour que nous arrivions à des élections comme dans tous les pays de la guerre, et que nous cessons d’être ridicules et stupides aux yeux de la communauté internationale. Peut-on dire que ce gros bonnet de la politique a jeté son bonnet par-dessus les moulins ?

Espérant que cette commission accomplira sa tâche, je trace ici la ligne politique de Evans Paul, un membre de ladite commission : la voie du consensus politique, nécessaire au progrès économique et social du pays, notre pays, Haïti. Aucun pays, a-t-il souligné, ne s’est développé dans le chaos, à partir d’un champ de ruines et d’instabilité.

la commission consultative composée de 11 membres
la commission consultative composée de 11 membres
Me Gérard Gourgues, Mgr Patrick Aris, M. Evans Paul, Pasteur Chavannes Jeune, M. Paul Loulou Chéry, Mme Odette Roy Fombrun, M. Gabriel Fortuné, M. Réginald Boulos, M. Rony Mondestin, M. Charles Suffra, Mgr Ogé Beauvoir.

Eliphen Jean

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