Haïti ou le paradoxe du normal

Article : Haïti ou le paradoxe du normal
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30 juillet 2015

Haïti ou le paradoxe du normal

Mon p’tit pays, le pays où tout se mêle, alterne et fusionne. On n’a pas à faire travailler sa matière grise, peut-être de peur qu’elle ne devienne noire… D’ailleurs, trop d’esprit et d’intelligence nuisent. Bref ! Ici, on est doué de la plus remarquable intelligence, l’intelligence associative.

Vous avez besoin de détails ? Je le sais, vous êtes friands de buzz. Ben, voilà !

Dans ce pays, c’est la mentalité de « qui se ressemble s’assemble. » C’est un pays où tout ce qui brille est or. Et, ceci, même en politique ! Le peuple aime le président Martelly dit « président TÈT KALE » (Tête rasée) , tous les militants politiques qui se rasent la tête bénéficieront de l’amour du peuple. Alors qu’il est fort probable que ce soit des militants opposants.

Voyons !

Le patron ou la patronne envoie sa servante au marché. Elle doit acheter du riz. Arrivée au marché, elle est en face de plusieurs types de riz différents, et elle oublie ce qu’elle doit choisir. Elle n’a pas à se casser la tête, elle achète n’importe quelle sorte, pourvu que les sacs soient de la même couleur. A l’instar de la patronne, elle achète le riz le plus coûteux, le plus coûteux est souvent le meilleur… mais, ce qui est marrant, le vendeur intelligent n’a qu’à hausser le prix du soi-disant mauvais riz, un p’tit jeu qu’on fait aux servantes qui ne savent pas lire. Donc, si pour la servante, c’est le même riz dans tous les sacs puisqu’ils sont de la même couleur, pour le vendeur, les riz sont aussi de même qualité, car ils proviennent tous de la terre. Tous les riz doivent alors se vendre.

Pratiquement, dans mon pays de miel, quand un conteur va dire son histoire, il dit : « cric ! », et l’on répond : « crac ! ». Mais, je ne vous dirai jamais cric ! Car, sans blague, on a, ici, des raisons d’être fiers d’être Haïtiens.

Moi, étant vrai haïtien, je n’ai pas à être vexé quand mes amis blancs se targuent de leur pays qui produit des voitures ou véhicules de marque. Je n’ai pas à être vexé, car, mon pays a de très bons mécaniciens qui produisent des voitures de marque indéfinissable. Il reste au gouvernement d’en faire promotion et d’en exporter quelques-unes.

Cela vous étonne qu’Haïti produise des voitures ?

Mais, bien sûr ! Haïti se développe. Venez et vérifiez. Sur dix voitures qui roulent, vous en trouverez au moins cinq de marque haïtienne. Des voitures ainsi fabriquées : la portière de gauche est Mazda, celle de droite est Toyota, la carrosserie peut être Nissan, le moteur est Isuzu, etc. Une partie de chaque marque étrangère. Et, voilà ! C’est tout à fait o-ri-gi-nal. Il arrive aussi ce cas où l’on transforme sa voiture à quatre portières en tap-tap ou camionnette, pour le service de transports en commun quand rien plus rien ne va.

hpnhaiti.com
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Parlons un peu santé !

Si vous êtes malade, et que vous ne voulez pas moisir à l’hôpital, Haïti a de très bons médecins. Vous êtes une femme qui ne veut pas faire attendre son mari qui doit être revenu, affamé, de son bureau, vous êtes à l’hôpital pour cause d’infections vaginales, vous n’avez qu’à ouvrir ou laisser le docteur ouvrir votre appareil à deux tranches bien joufflues, et d’un coup d’œil, il vous prescrit vos antibiotiques. S’il est galant ou « vivant », il n’à qu’à vous persuader que c’est important qu’il vous passe une serviette mouillée d’une eau que vous pensez différente de celle que vous buvez. Un p’tit job que pourrait bien faire votre mari qui croit que sa bonne femme préfère toujours les analyses médicales. Hélas ! La voix du médecin est la voix du Bon Dieu, comme aussi celle du pasteur. On s’en fout de cette question d’analyse. D’ailleurs, si vous étiez plus gravement atteint, vous seriez en salle d’urgence… Et après consultation, vous n’oserez pas oublier de laisser votre numéro.

Et si vous voulez moisir à l’hôpital, faites-vous accompagner de votre mari ou votre petit ami, et préférez les analyses médicales.

Le paradoxe de l’emploi

Dans le bas peuple, tout le monde cherche un emploi, mais on a, pour la plupart, peur de travailler. La raison est que, quand on trouve de l’emploi, les autres membres de la famille n’ont pas besoin de travailler. On s’imagine alors le chanceux de la famille avec son premier boulot. Il va nourrir une famille où les enfants constituent un véritable escalier sans paliers, tellement ils naissent. Pire, on représente les rampes de bois pourri ou de fer rouillé de cet escalier.

Mais, Haïti reste un pays de miel. On n’a pas de taxe à payer comme aux Etats-Unis. On conduit sans permis, on brûle les feux rouges, on n’à qu’à cracher dans la main d’un policier un billet de 100 G. (environ 2 US), puis on s’en va. Un chauffeur intelligent saura se munir de billets de 100 G.

En tout cas, j’ai beaucoup à dire… je vous reviens.

Eliphen Jean

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