Haïti à l’arrière-garde de la démocratie

Article : Haïti à l’arrière-garde de la démocratie
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1 décembre 2014

Haïti à l’arrière-garde de la démocratie

Crédit photo: Eliphen Jean
Crédit photo: Eliphen Jean

Aujourd’hui où le drame sociopolitique d’Haïti, affreux et sanglant, laisse sentir les effets rétroactifs et même symptomatiques de plus graves crises à venir, où la chance de survivre n’a été si faible aussi bien dans le temps que dans l’espace existentiel national, il est nécessaire de repenser la démocratie. Repenser la démocratie afin qu’elle ouvre une porte à l’espoir de changements, sans garantir à quiconque le paradis sur terre. Repenser la démocratie afin de compenser les inégalités sociales et aplanir la voie d’un véritable progrès démocratique. Pour y arriver, l’élite politique, bien formée, doit élever la masse vers elle par une éducation citoyenne basée d’abord sur les valeurs élitaires et des théories démocratiques. Elle doit encourager la participation des citoyens à la vie publique, et la volonté populaire ne doit pas être une fiction.

Comme partout, la politique est, chez nous, une guerre sans effusion de sang. Notre démocratie, déjà trop suicidaire, est à ressourcer. On n’en parle même pas à l’école. À peine que quelques bons scolarisés savent que c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, une affirmation d’Abraham Lincoln sur le champ de bataille de Gettysburg en juillet 1863. Le gouvernement haïtien est donc loin d’être démocratique, puisqu’il se repaît de la souffrance du bas peuple, comme les nantis de la bourgeoisie. Or, comme le voyait Maximilien de Robespierre, le principe fondamental du gouvernement démocratique ou populaire, c’est la vertu, cette vertu qui n’est autre chose que l’amour de la Patrie et de ses lois. Un bon gouvernement doit alors être perméable aux cris déchirants et désarticulés de la masse populaire. Il doit se montrer touché par la situation déshumanisante de son peuple en réalisant des entreprises capables de générer des emplois. Ce n’est pas en distribuant des kits de survie qu’on sauvera Haïti de la faim, mais en résorbant le chômage. Mais, quel gouvernement avons-nous ? Un gouvernement de mouvance despotique et malveillant.

Toutefois, à l’aune des faits, on se demande si la démocratie qu’on a en Haïti n’est pas une forme de dictature : le peuple élit des représentants qui décident en son nom, et à l’encontre de ses besoins réels. Des représentants qui font fortune dans la misère du peuple… Cela ainsi compris, il est clair que le droit de vote donne plutôt l’illusion d’être en démocratie, et qu’il y a tout un gouffre insondable entre les théories de la démocratie et la réalité démocratique haïtienne. Cette démocratie ne se repose pas sur le respect de la liberté et de l’égalité des citoyens. Elle est plutôt l’expression d’une politique déshumanisante, elle constitue une sorte de paravent qui favorise le monstrueux travestissement de corruptions et la prolifération de rats dans la faune politique. En effet, pour résoudre la crise démocratique, on doit d’abord ressourcer la démocratie, on doit l’étudier dans sa complexité et proposer des cours y afférents à l’école. Une démocratie qui n’est pas enseignée à l’école est une démocratie tyrannique. Devenir un pays démocratique n’est pas un changement facile, c’est tout un processus.

Éliphen Jean

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Commentaires

CISSE
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Excellente dissertation !

Widlore Mérancourt
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Je partage ton point de vue camarade. Excellent post! Toutefois, je souhaiterais, si possible avoir quelques clarifications sur cette assertion: Une démocratie qui n’est pas enseignée à l’école est une démocratie tyrannique.

Eliphen Jean
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Une démocratie qui mene a la cruauté, a l'injustice, a l'oppression...