Dans mon pays, les immondices servent d’adresses

Article : Dans mon pays, les immondices servent d’adresses
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30 janvier 2015

Dans mon pays, les immondices servent d’adresses

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Incroyable, mais vrai. En Haïti les ordures permettent d’identifier l’emplacement d’un domicile, d’un établissement ou  servent d’indicateurs. Bizarrement, on s’en sert. Imaginez-vous, un bon matin ou un bel après-midi, dans les rues de la capitale ou de la deuxième ville du pays, Cap-Haïtien. Vous devez rencontrer quelqu’un. Vous êtes comme perdu en chemin. Alors, vous téléphonez à ce quelqu’un pour savoir où il est. Vous savez ce qu’il répondra ? Vous n’en croirez pas vos oreilles.

– Veuillez m’attendre à la rue 11 J, vous trouverez un tas d’immondices tout près. Quant à moi, j’traverse à peine la rue 17 I, j’vais prendre le Collège Modèle. J’ai déjà passé l’amas d’ordures. Donc, vous pouvez voir que j’suis pas loin d’arriver…

C’est ainsi que répondra votre quelqu’un. E, voilà que vous endurez pendant environ 45 minutes d’attente, la pestilence qui se dégage du tas d’immondices près duquel vous êtes… Ne vous étonnez pas trop si quelqu’un d’autre vous donne rendez-vous en vous disant, sans aucune gêne, qu’il habite devant l’amas d’ordures le plus élevé, ou plutôt derrière cet amas.

Les immondices constituent, en effet, un véritable mal nécessaire, pour certains. Par ailleurs, lorsqu’elles sont empilées ou pile sur pile, elles sont comparables à des gratte-ciels. Les rues de mon pays, de ma ville plus particulièrement, regorgent, pour la plupart, d’ordures. Cependant, on ne cesse d’entendre un peu partout le slogan « Lari a se salon pèp la (les rues représentent le salon du peuple)». En outre, on ne peut parler de scènes de la rue sans évoquer les tas d’immondices qui représentent, eux aussi, chez nous, un symbole vivant et significatif de la vie urbaine. On en trouve à tous les coins de rue. La ville de Cap-Haïtien, jadis Cap-Français, devrait aujourd’hui s’appeler Cap-Ordures. La mer comme attrait touristique devient un dépotoir, ce qui révèle une défaillance grave du service de ramassage et de collecte d’ordures.

20minutes.fr
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Ce phénomène ne date pas d’hier, mais, si je ne me trompe, après le régime de Duvalier. Les bennes à ordures du service métropolitain de collecte des résidus solides ne font que tourner en rond. En un clin d’œil, un coin de rue fraîchement nettoyé se retrouve bourré de détritus. La question de ramassage reste un véritable casse-tête, malgré les campagnes d’assainissement. C’est en effet un problème de mentalité. La mentalité de la population est dite primitive. Primitive parce que la population ignore les formes sociales des sociétés dites évoluées. Par ailleurs, on se demande si ce phénomène n’est pas lié à l’exode rural, c’est-à-dire à la déruralisation ou au dépeuplement des campagnes au profit des villes.

Éliphen Jean

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Commentaires

mandanye
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waaa un véritable problème en effet !

kuku
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Je n'arrive pas a comprendre pourquoi en faire une publicite. Aucune proposition n'a ete faite en plus, le probleme est reel apporte au moins un element de solution.

Eliphen Jean
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Je fais avant tout une satire du milieu. Toutefois, je reconnais qu'il y a des campagnes d'assainissement. Je parle aussi de mentalité primitive de toute une population. Implicitement, je montre la nécessité d'une politique à faire évoluer les mentalités.

Il y a une grande différence entre satire d'un milieu et publicité.

serge
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Bravo pour cet article qui n'est en aucun cas une pub mais bien une critique... la même chose peut se dire que Kinshasa en RD Congo
Eh ben !

Berliniquais
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Situation complètement ubuesque! On croit rêver, ou plutôt cauchemarder.
Tout à fait d’accord avec Serge. Bravo pour cet article, que je comprends bien comme une critique.
Ce n’est pas ton rôle que de proposer une "solution" à ce problème qui relève avant tout des mentalités. La solution, elle est pourtant simple, et très compliquée à la fois: l’éducation des masses.
En tout cas, promesse tenue: tu as bien interpellé ma conscience sur ce problème que j’ignorais complètement!

Eliphen Jean
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Serge et Bertiniquais, vous m'avez bien compris. D'autres comme vous comprendront aussi qu'il s'agit d'une critique.

Justin
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Tout en reconnaissant que Kinshasa ne soit pas la ville la plus propre d'Afrique, il faut reconnaitre que des efforts ont été fait et que pour ceux qui y vivent ou viennent de passer par là, les immondices sont moins visibles et quasi invisibles au centre ville. Le monde bouge et les choses ne sont pas figées. Espérons que ça change aussi en Haiti

Julien DEMBELE
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ça fait pas rire ça !

Le Jeune Maghrébin
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Votre article soulève un problème dont souffre aussi mon pays.Et c'est vrai, les gens doivent changer leur mentalité. A vrai dire, l'Etat marocain fait de son mieux résoudre le phénomène, mais la population n'évoluent pas.

renaudoss
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Belle façon d'en faire la critique...
Les choses ne sont plus aussi catastrophiques par ici, mais ça m'y a fait penser.

Fotso Fonkam
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Comme Renaud, j'ai toujours pensé que chez moi il y avait un peu trop d'ordures en plein air. Mais là je tombe des nues. Les proportions sont inquiétantes de ton coté! La solution, l'éducation des masses, comme l'a mentionné Berliniquais. Mais aussi des mesures coercitives.

Bel article, qui, je l'espère, sera lu par les autorités compétentes en matière de salubrité.

Pascal Yves P Junior
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De quel pays parle cet article En passant félicitations à l'auteur