Une conception du temps

Article : Une conception du temps
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21 mai 2015

Une conception du temps

Quelque soit sa tactique, l’horloge du temps fait toujours tic-tac, elle égrène ses heures au gré de son impatience. Pour rien au monde, le temps ne suspendra pas son vol. Où est-ce qu’il va ? On ne sait pas, ou plutôt, on ne saura jamais. C’est pourquoi il vaudrait mieux savoir employer le temps, au lieu de vouloir aller à son rythme.

Le temps est ce personnage principal dans la tragédie de la vie humaine. Il est impalpable dans sa course, on ne peut pas le mesurer. Il est en effet absurde de parler de la fin des temps ou de la vie. Parler de la fin des temps, c’est comme prétendre que Dieu a lui aussi une fin, or Dieu ne peut pas exister en dehors du temps, et même en dehors de l’espace. C’est en ce sens que, pour Isaac Newton, Dieu constitue le temps et l’espace. La vie, quant à elle, est une énergie qui anime les matières. Ce qui peut amener à penser qu’il n’est pas d’être qui soit inanimé, mais dépendant de l’homme ou de forces ou de lois naturelles. Un objet abîmé ou détérioré est, pour moi, un objet vidé de la vie. La détérioration serait alors une conséquence de la viduité des matières. Par ailleurs, le temps n’est-il pas vraiment l’ordre des successions possibles, comme le voit Leibniz ?

Comme dit le vieux dicton latin, sicut umbrae dies nostri : nos jours passent comme des ombres. Le temps ne suspendra pas son vol. La vie ne finira pas. L’éternel sablier du temps se retournera toujours, ou plutôt celui de l’existence. L’énergie de la vie est inépuisable, elle peut animer les matières une quantité innombrable de fois. C’est comme disait Friedrich Nietzsche, tout va, tout revient, la roue de l’existence tourne éternellement. (…) A chaque instant commence l’existence, autour de chaque « ici » gravite la sphère là-bas. C’est pourquoi, selon moi, on ne peut même supposer que le temps puisse avoir une fin, à moins que Dieu soit mortel.

Je devrais me permettre de parler aussi de l’espace, car pour vivre ou exister, il faut le temps et l’espace. L’espace, pour Pierre Burgelin, dans son œuvre l’Homme et le Temps, forme l’antidote du souci et la sagesse populaire a raison de penser que les voyages calment les peines. Comme dans la hiérarchie sociale, les voyages s’inscrivent simultanément dans le temps et l’espace.

Si l’Homme pouvait mesurer ou maîtriser le temps, certaines choses n’auraient pas de sens dans la vie, comme les dettes, la promesse, la patience… On miserait sur la possibilité de modifier le temps pour payer ses dettes plus facilement, pour mieux respecter ses promesses, et on s’empêchera d’attendre trop longtemps. Pourquoi devrait-on vraiment être patient alors qu’on peut avancer ou rythmer le temps ? Le temps n’est pas comme notre réveil.

Eliphen Jean

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