• Accueil
  • Articles
    Regard pluriel
      15. janv.
      2015
      Poesie
      1

      nostalgie

      web
      web

      Mes paupières baissées
      descendent tristement
      leur rideau
      sur mes années giclées
      écorchées jusqu’aux plaies du rire
      et
      de l’autre côté du miroir
      rebondit le temps impalpable
      dans sa tourmente

      je cesse alors de voir le temps
      giclé par des volutes de sueurs
      à force d’user la trame de ma vie

      je cesse aussi de voir ces peuplades
      de nègres d’Afrique
      qui défraient en tout temps les injures
      tisser leurs vies au fil du temps
      sur des toiles d’anarchie
      avec l’aiguille épointée des jours…

      Eliphen Jean

      Lire la suite
      09. janv.
      2015
      Politique
      0

      Haïti, ses séismes politiques et conséquences

      haitilibre.com
      haitilibre.com

      Voir Haïti « comme un risque de séismes politiques » est une erreur. Nous savons bien ce qu’est un risque. Danger éventuel plus ou moins prévisible. Comme beaucoup de pays, Haïti ne cesse de connaître des bouleversements politiques, dits séismes en raison de leurs dévastations. Ces bouleversements sont constants et la détruisent systématiquement. Dans ce cas, à l’aune des faits, peut-on vraiment parler de risque ? Non. Mais, plutôt d’une situation qui dégénère au quotidien. Pour faire comprendre cela, il est importe de faire le point sur les différentes crises qui désolent le pays depuis longtemps. Nous n’avons pas, ici, la prétention de reconstituer le passé avec tout son éclat d’antan comme pour nous en enorgueillir, alors que le pays est en trouble constant. D’ailleurs, ce passé qui enorgueillit plus d’un est marqué par l’esclavage, le colonialisme, la dictature et l’instabilité politique. On a même l’impression que ce passé est encore présent, puisque les crises dites actuelles sont les mêmes qu’autrefois, mais plus graves. En effet, l’histoire sociale haïtienne est tissée au fil d’une situation sociopolitique de plus en plus insoutenable et désespérée. Les crises y afférentes, pour certains, sont toutes génératrices de chômage et d’instabilité, et maintiennent le pays dans la misère. Jetons ensemble un coup d’œil sur ladite situation pour comprendre qu’Haïti est depuis longtemps secouée par des séismes politiques.

      Crises systémiques

      Les crises du pays sont avant tout d’ordre systémique. Elles se disent systémiques puisqu’elles sont liées au système politique qui s’identifie à l’État dans son mode de contrôle d’une société globale. On parle alors de crises systémiques quand le système se désagrège, et que sa désagrégation découlant de perturbations politiques constantes se combine avec d’autres facteurs y relatifs pour miner l’organisation sociale ou ronger le tissu des relations sociales. Ces crises, dans une évolution socio-historique, donnent lieu d’accuser impitoyablement les hommes d’État de prévarication, et s’aggravent au fil des jours dans la trame des bouleversements politiques. Elles succèdent si souvent à des phases de stabilité où l’organisation sociale se rétablit, quoique pour peu de temps. Parlant de crises systémiques, je vois des crises comme celles de 1843-1848, 1867-1870, 1908-1915 et 1986 à nos jours. Mais, il n’y a pas que celles-là. Nous vivons d’ailleurs dans une civilisation de crises où le déséquilibre structurel devient, pour la plupart, chaque jour permanent. Dans cette perspective, ces périodes de perturbations politiques conduisent à une plus grande crise, dite crise du système de société où elles affectent la vie sociale dans tous les champs. En d’autres mots, on peut parler de crise systémique généralisée ou multisectorielle, caractérisée, pour moi, par les mobilisations populaires, les instabilités politiques, les conditions de vie déshumanisantes, etc.

      Mobilisations populaires

      Les mobilisations populaires sont des éléments forts qui, pour moi, caractérisent les crises systémiques. Cependant, elles n’aboutissent pas toujours à des résultats adéquats. Les résultats sont souvent hors de proportion avec la cause, la réparation de préjudices subis, réels ou imaginaires. C’est pourquoi on peut, dans ce cas, parler de quérulence ou de délire de revendication. On peut aussi qualifier les opposants au pouvoir, pour la plupart, de processifs. Il arrive que les revendications sociales ou mobilisations légitimes puissent opérer des changements radicaux au niveau des appareils d’État. Mais, des mobilisations populaires dans un pays comme le nôtre, où les intérêts des plus faibles sont loin d’être pris en compte seront généralement tyranniques. Tyranniques, pour la simple et claire raison que pour Marx, les appareils d’État [sont] les appareils répressifs et idéologiques organiques d’une classe, la classe dominante, comme l’a montré le philosophe français du 20e siècle Louis Althusser dans ses travaux scientifiques sur Marx. En effet, pour comprendre mieux la dynamique des crises en Haïti, il faut une lecture bien scientifique, précisément sociologique, de la réalité, au-delà même d’une lecture « idéologique » des influences et des évolutions.

      L’état des conditions de vie

      En ces moments très agités, il peut être constaté que l’aggravation graduelle des conditions de vie est une caractérisation des crises systémiques et d’autres y affèrent, outre les mobilisations populaires. La question de la vie chère relie toujours les grandes crises du pays. Les moments aigus de rareté, de dépréciation de la monnaie et de hausse des prix des articles de première nécessité, résultent non seulement des crises, mais favorisent aussi la bourgeoisie et l’impérialisme économique international. Ce sont des situations désastreuses qui perdurent, et ceci, depuis longtemps. Jean-Pierre Boyer a déjà fait lui-même ce constat, dans une proclamation du 20 juillet 1837, que la rareté des objets de première consommation faisant hausser leur prix, a rendu plus difficile la subsistance du peuple (…). Aujourd’hui encore, des témoignages, des articles, des textes abondent sur l’acuité de la crise socioéconomique. En effet, à l’aune des faits, on ne peut vraiment pas parler de crises contemporaines, mais plutôt de crises perdurables ou chroniques qui ont, bien sûr, jalonné notre histoire. Haïti est constamment la proie de séismes politiques.

      Vu la situation sociopolitique chronique d’Haïti, je me permets de parler, en gros, de « guerre de situations sociales », une expression de l’historien Auguste Magloire, au-delà des rivalités politiques que je qualifie de rivalités d’intérêts, mesquines et même sournoises. Ce ne sont pas des rivalités à faire bouger le pays. Ce qu’il faut plutôt, c’est, d’une part, l’esprit d’émulation : s’opposer, ou même s’acharner, tout en étant animés par le désir de s’égaler ou de se surpasser en mérite, en savoir et en travail. D’autre part, la polarisation des forces ou des influences des classes en conflits en vue de même entraîner Haïti sur la voie du progrès mécanique. C’est une utopie réalisable.

      Éliphen Jean

      Lire la suite
      Article : Revenir en arrière, un véritable tremplin
      Motivation
      1
      5 janvier 2015

      Revenir en arrière, un véritable tremplin

      images-josette.blogspot.com
      images-josette.blogspot.com

      On ne peut pas revenir en arrière, disent certains. Certes. Mais, on peut fouiller jusqu’au repli obscur et inexploré de sa conscience. On peut ainsi parvenir à se corriger et apprendre de ses erreurs. Apprendre pour évoluer, avec la sagesse qu’on ne peut pas refaçonner son passé.

      Sortir de l’angoisse vers l’extase, tel est le but de certains. Telle est peut-être votre détermination. Quant à moi, c’est un dessein que je veux impénétrable. À cet effet, s’impose un ensemble de réactions à nos actes. C’est-à-dire que nous devons non seulement comprendre nos actes, mais aussi y répondre de façon rationnelle. Il nous faut peser nos actes à la balance de la raison. Nos réactions doivent être logiques et bien pensées, afin de superposer à nos actes une action nouvelle, positive ou plus positive.

      J’interpelle, ici, une conscience qui soit un trait d’union entre notre passé et notre avenir, sans pourtant nous couper de nos racines. Car, nos racines constituent la base sur laquelle repose l’équilibre de notre vie. Cette conscience, pour qu’elle soit efficace, nécessite le concours d’un esprit élevé et fort. Quand je parle d’esprit fort, je vois un esprit auquel l’obstacle sert de tremplin pour s’élever à la raison. Cet esprit se réalise toujours avec conscience dans la réalité. En effet, quand on est conscient de ses actes, surtout de soi, et qu’on en tire une certaine leçon par la raison, il devient plus facile de déterminer son avenir et d’avoir une vie rassurante.

      Si l’extase, du latin extasis, signifie « l’action d’être hors de soi », cet état doit être atteint dans un tête-à-tête avec soi-même. Sans ce tête-à-tête, la folie ferait irruption dans l’esprit, et s’obscurcirait le soubassement organique de l’instinct. Sans ce tête-à-tête, les contingences du quotidien auraient raison de nos rêves et nos ambitions. Sur ce, pour peu que nous soyons conscients, non seulement de nos actes, mais aussi de nos erreurs, nous avons la chance de faire mieux ou de prospérer. Une prise de conscience, c’est ce qu’il nous faut quand on ne peut pas revenir en arrière. C’est comme disait Paulo Coelho : « Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant. »

      Toutefois, s’il faut revenir en arrière, c’est pour réviser nos actions, non pour rendre nos débuts flamboyants. C’est dans cette démarche révisionnelle que nous parviendrons à appendre et nous corriger de nos erreurs, en vue de nouvelles perspectives. Cette démarche, si elle est pensée et planifiée, peut nous révéler des horizons même insoupçonnés. On ne doit pas revenir en arrière par regrets, car ce que nous avons perdu est irrécupérable. Nous pouvons plutôt, si nous le voulons, démarrer à partir de maintenant pour une fin flamboyante. Ceci dit, au lieu de nous perdre en regrets, enrichissons, de préférence, notre présent d’actions positives pour que demain soit meilleur.

      Éliphen Jean

      Lire la suite
      Article : Noël, chez nous
      Non classé
      1
      29 décembre 2014

      Noël, chez nous

      nicolebertin.blogspot.com
      nicolebertin.blogspot.com

      Alors qu’autrefois la Noël était synonyme de réjouissances familiales et de jubilation. Elle est, de nos jours, l’occasion de tristesse collective. Ici, on sent le sapin. Ailleurs, les arbres se dépouillent de leur feuillage, et les feuilles tombent comme les années. La bourgeoisie se dit aussi pauvre que le bas peuple. L’obscurité grimpe jusqu’à la cime des sapins. C’est la Noël, chez nous. C’est ce qui se vit. C’est ce que je vois.

      Et pourquoi pas une Noël comme jadis ? Des montagnes de cadeaux prêts à se déballer pour emballer les enfants. Mots d’amour sur du papier parfumé et orné de guirlandes de roses, ce sont des vœux d’amour et de bonheur à un être cher. Stands d’expositions dans toutes les écoles. Stands d’animation dans tous les quartiers pour ambiancer les soirées et les rues. Un égal attachement à la tradition de Noël réunit poètes et conteurs, slameurs et chanteurs, graffiteurs et dessinateurs, ambianceurs de bars ou de boites de nuit, riches et pauvres… Je me rappelle de ce temps. J’étais tout petit. C’était, pour la plupart, le bonheur à tire-larigot. J’ai connu, moi aussi, ce bonheur. Si seulement je pouvais repenser mon enfance en l’absence du temps où la misère ternit ma jeunesse…

      Nous sommes le 29 décembre. Dans deux jours, l’année prend fin. L’an qui vient s’annonce plutôt mal…comme une décadence de toutes parts. Tout est sombre et funèbre. Les maisons de ma ville sont ternes et sans décor, comme la mer et le ciel, comme le cœur des mamans. L’uniformité terreuse de la vie évoque une incurable mélancolie. La vie est plutôt grise. Ce n’est pas comme jadis où la Noël était toute marquée, jusqu’au début du nouvel an, d’explosions de joie et d’enthousiasme…

      Malgré tout, j’espère revoir un jour d’éblouissants feux d’artifice mêler aux étoiles leurs panaches de feu. Je n’ai pas assisté à de tels spectacles, il y a longtemps. J’aimerais tant revivre cette coutume tombée en désuétude… J’aimerais tant revivre ma Noël d’antan. Si seulement je pouvais hâter le temps, je ne peux plus attendre le premier janvier pour me farcir mon bol de soupe aux choux et de giraumont.

      Éliphen Jean

      Lire la suite
      Article : IL faut réinventer l’Etat haïtien
      Politique
      0
      23 décembre 2014

      IL faut réinventer l’Etat haïtien

      Crédit photo: canalplushaiti.net
      Crédit photo: canalplushaiti.net

      Les mots sont peu pour brosser les sombres anomalies de l’histoire de mon pays. Il faut pourtant le débarbouiller, à l’eau forte, de tous les graffitis misérabilistes qui le noircissent depuis des ans… Mais, comment y arriver sans une prise de conscience collective ? Une prise de conscience de ce que nous sommes réellement, et de ce que nous devons faire pour tirer le pays de son bourbier mouvant.

      Haïti, dit-on, est la première République noire indépendante. La bataille de Vertières, l’apogée de la révolte des esclaves de St Domingue, a conduit à son indépendance. Elle peut se considérer comme un engagement patriotique, car c’est de là que sont jetées les fondations de notre République, ou plutôt de notre patrie. Un coup d’œil sur l’histoire nous montrerait bien l’idée révolutionnaire des esclaves, et, surtout, cette volonté d’avoir une nation. Et, c’est ici le patriotisme vivant qui animait cette bataille. Le patriotisme était donc ce désir féroce de briser les chaînes de l’esclavage, et le sentiment d’appartenir à une nation. Littéralement de pater, patriotisme signifie le sentiment d’appartenance à un pays. Il s’agit d’un sentiment fait d’amour et de fierté qui porte à soutenir l’idée de lien à un pays.

      Toutefois, il faut reconnaître qu’il existe plusieurs types de patriotismes : social, économique, culturel et juridique. Mais, en ce qui doit concerner le peuple haïtien que nous sommes, c’est le patriotisme social qui nous interpelle, car il renvoie, tout à fait, à cet attachement particulier à un territoire, à une terre donnée. C’est donc le sol qui est le lieu d’attachement où les esclaves ont érigé, dans la tradition, une culture, une identité, une conscience (d’être aussi des humains) qui les dépassaient, mais dont ils furent uniques porteurs. En effet, il est important que mes compatriotes avisés soient conscients de cela, et qu’ils s’engagent dans une dynamique révolutionnaire. Il faut une révolution sociale, en ce sens qu’elle est le passage, réalisé par des forces progressistes de la société, à un degré qualitativement nouveau, supérieur de développement, le mouvement d’un régime social ancien, suranné, vers un nouveau régime, plus avancé. Les barrières, je le crois, qui cloisonnent notre société, ne peuvent être brisées que par une révolution sociale planifiée.

      Par ailleurs, ce type de patriotisme se reconnaît dans la défense des valeurs traditionnelles, de la culture propre au pays, qui passe, naturellement, par l’affirmation d’une conscience du « nous ». Qui dit protection de ces valeurs, dit défense d’une identité qui est aussi celle du territoire national contre une occupation ou une présence ressentie comme incongrue. Il faut ainsi une lutte visant à rejeter les valeurs ou cultures étrangères, ou à les basculer en arrière-plan. Au gré du phénomène de la mondialisation, il faut brandir le flambeau du patriotisme contre l’étendard sanglant des impérialismes culturel, politique et économique. Il faut une prise de conscience que nous sommes un peuple indépendant, que nous avons une nation… et que nous devons édifier l’avenir de ce pays à l’imitation du passé. Si le passé était triomphant, pourquoi ne pas s’y modeler ou s’en instruire aujourd’hui, en ce temps de désespoirs et de misère chronique ? Je conseillerais ici de déterrer, ressusciter, pour revoir, une dernière fois, contempler le passé, le parcours accompli des ancêtres. Haïti est l’affaire de tous. Cependant, nous n’aboutirons pas à recouvrer notre fierté nationale sans une reconnaissance citoyenne. Nous n’aboutirons pas non plus sans une politique contre le chômage, car comme disait O. Henry, l’amour, le travail, la famille, la religion, l’art, le patriotisme sont des mots vides de sens pour qui meurt de faim. Parler de chômage, de misère, c’est souligner un cas de péril national qui fera substituer l’instinct de conservation collectif que représente le patriotisme, à celui de conservation individuelle.

      En ces temps de déprime économique, où la dérive du chômage devient de plus en plus effrayante, de quoi Haïti a-t-elle besoin réellement? De pont à étagement, de deux carnavals dispendieux par an, ou d’entreprises pour générer des emplois ? De quoi ? L’épouvantail du chômage s’agite très fort, alors que le Président Martelly ne cesse de crier jusqu’à ce jour : « Haiti is open for business*», « Haïti avance ! ». Sous l’angle de la qualité de la vie, le bas peuple qui vote, doit savoir de quel homme d’Etat il a besoin. C’est important. C’est vrai qu’un malheureux au pouvoir est capable de nous rendre tous pauvres, mais un riche au pouvoir (surtout sans une compétence adéquate) n’y peut rien pour les pauvres s’il n’a pas souffert comme eux, ou s’il n’est pas conscient de leurs souffrances. D’ailleurs, les capitalistes, inhumains qu’ils sont, se repaissent de la souffrance humaine. La misère des autres leur sert de tremplin.

      De quel homme d’Etat Haïti a besoin ? Elle a besoin d’un homme d’Etat différent de ses vautours habituels, vautours à l’insatiable boulimie politique. Un homme d’Etat qui reconnaît son devoir fondamental, celui d’améliorer les conditions existentielles de la masse. Ce devoir de l’homme d’Etat, pour dire comme Emile Durkheim, n’est plus de pousser violemment les sociétés vers un idéal qui lui paraît séduisant, mais son rôle est celui du médecin : il prévient l’éclosion des maladies par une bonne hygiène et, quand elles sont déclarées, il cherche à les guérir. Voilà l’homme qu’il nous faut. Ainsi, comme un brin de paille dans l’étable, l’espoir luira, et éclatera même, un jour, sur la noirceur lugubre du quotidien. Tant qu’une jeunesse existe, Haïti peut espérer. La jeunesse est le fer de lance d’une nation.

      Eliphen Jean

      Lire la suite
      Article : La lecture, dispensatrice de bienfaits
      Culture
      1
      14 décembre 2014

      La lecture, dispensatrice de bienfaits

      Crédit photo: mysticlolly-leblog.fr
      Crédit photo: mysticlolly-leblog.fr

      La lecture sustente l’esprit. Il n’y a pas de chagrin qu’un instant de lecture ne puisse dissiper. C’est un excellent antidote contre la mélancolie et les dégoûts de la vie. Il suffit de savoir lire et de lire des livres en faveur de notre personne. En lisant, il arrive que les ressouvenirs confus, vagues et flottants, s’évanouissent. Il arrive aussi que les souvenirs déprimants qui stagnaient dans notre esprit, s’anéantissent dans l’oubli. La lecture est un dictame pour calmer le chagrin… À certaines heures de notre journée ou de notre semaine, trouvons-nous un livre pour y chercher un principe d’intérêt, un thème de divertissement, une raison de réconfort et d’oubli. Trouvons-nous un livre, et ajoutons une dose d’émotions, d’expériences fictives à notre être. Notre personne en a besoin.

      Par ailleurs, il semble qu’un sérieux effort de lecture est aussi un véritable travail de divination pour faire revivre les hautes âmes du passé. Je comprends, ici, que lire, c’est ressusciter des sentiments, c’est entrer en conversation avec les gens des siècles passés. Lire, c’est tenter de faire l’autopsie de l’imaginaire… Pour ceux qui sont de notre siècle, ils proposent en fait leur livre à notre générosité. C’est une tâche qu’il nous faut accomplir. Aucun livre n’est achevé, voire parfait. C’est pourquoi tout livre aurait pour collaborateur, son lecteur. Un auteur compte toujours sur ses lecteurs, les critiques lui valent beaucoup. Il écrit mieux quand il est lu et honnêtement critiqué.

      Il faut lire. Lire pour se construire. Lire pour grandir. Lire, c’est aussi voyager. Mais, pour connaître ces bienfaits de la lecture, il est nécessaire d’avoir une raison de lire. Pourquoi lire ? Quant à moi, je lis car je me sens souvent seul, et le livre, selon Georges Duhamel, est l’ami de la solitude. Il nourrit l’individualisme libérateur. Dans la lecture solitaire, l’homme qui se cherche lui-même a quelque chance de se rencontrer. Tel est mon cas. Je lis également pour voyager. Quand je lis, j’ai l’impression d’aller partout, je dialogue avec des personnages qui sont loin de mon île… J’ai l’impression d’être au brésil en lisant Paolo Coello, en argentine quand je lis Borges, l’humble aveugle. J’ai longtemps visité la France en lisant Victor Hugo, en étant au bord du lac de Lamartine… Lire, c’est aussi écouter un écrivain qui parle, quoique mort. Je parle à des morts. Je lis surtout le soir, au beau milieu de la nuit, quand le calme est olympien.

      J’avais à peine dix-sept ans. Je lisais déjà Héros et culte des héros de Thomas Carlyle. J’ai lu que la véritable université de nos jours, est une collection de livres. Depuis lors, je me faisais appeler collectionneur de livres, je me faisais Rousseau, rat de bibliothèque. Je me faisais même appeler bibliothèque ambulante. Outre que je portais un sac-à-dos assez lourd, mes bras étaient aussi meublés de livres. J’avais presque la sensation de porter Victor Hugo, Lamartine, Vigny, Voltaire, François René de Chateaubriand… et les poètes et écrivains de mon pays, Oswald Durand, Etzer Vilaire, Carl Brouard, Antoine Dupré, Anténor Firmin, Jules Solime Milscent, Massillon Coicou, Jacques Roumain… comme s’ils étaient dans les bras de leur mère. Je portais pourtant des livres.

      Toutefois, Francis bacon, dans son livre titré essais, nous conseille qu’il y a des livres dont il faut seulement goûter, d’autres qu’il faut dévorer, d’autres enfin, mais en petit nombre, qu’il faut, pour ainsi dire, mâcher et digérer. Peu importe ce que dit cet auteur, il suffit qu’une lecture nous élève l’esprit, et qu’elle nous inspire des sentiments nobles et courageux. Tous les livres ont besoin d’être lus, c’est avant tout la qualité du bon lecteur qui fait la valeur d’un livre. Les livres, pourvu qu’on puisse les appeler ainsi, sont tous beaux. Ils ont tout simplement chacun leurs lecteurs. Les livres, comme le disait Pétrarque, nous charment jusqu’à la moelle, nous parlent, nous donnent des conseils et sont unis à nous par une sorte de familiarité vivante et harmonieuse.

      La lecture est un exercice assez profitable, un voyage qui calme les peines. C’est un capital qui s’accroît. C’est l’antidote du souci, une oasis de bonheur contre un désert d’ennui.

      J’offre, ici, trois règles aux lecteurs et aspirants lecteurs :

      D’abord, lisez aussi les livres que vous n’avez pas encore lus, peu importe leur date de parution. Une connaissance n’a pas de date. Il vous faut savoir uniquement comment et quand l’utiliser. Ensuite, ne cherchez pas à lire seulement des livres réputés. Un livre ne peut pas être réputé s’il n’est pas lu. Contribuez à ce qu’un livre soit réputé en le lisant bien et en le faisant lire. Enfin, lisez aussi des livres que vous n’aimez pas encore. Vous ne pouvez pas aimer un livre sans l’avoir déjà lu.

      Eliphen Jean

      Lire la suite
      Article : Coïncidences parallèles, 2ème partie
      Nouvelles
      1
      11 décembre 2014

      Coïncidences parallèles, 2ème partie

      Deuxième partie

      Voilà ! un tissu d’incohérences, de sensations, d’inepties et de confusions nues… ma vie, me dis-je souvent, doit être étroitement liée à celle de ma première petite amie que j’allais revoir en 2012, la quatrième fois après ses trois années de silence, d’absence et de désespoir. Elle avait déserté ma vie, elle était partie comme en fumée pour l’Argentine. Le seul souvenir qui m’apparaissait souvent comme l’épave du bonheur était celui de son regard candide, malicieux et craquant, et de sa taille fine. Pas même un baiser. Pas même un câlin. Mais, il fallait la revoir…plus belle, plus allumeuse. Et depuis lors, nous étions tous deux altérés du bonheur de nous revoir tous les jours, nous croyant forts d’amour de combattre un jour ce qui nous tiendrait plus tard éloignés l’un de l’autre, l’inconnu. Et, nous nous livrâmes tous les deux au vautour de l’inconnu sans nous soucier des avatars qui nous attendent. Nous nous fixions sans cesse des rendez-vous tous les jours, des rendez-vous galants au bord du temps, nous avions toujours envie l’un de l’autre, nous n’y arrivions pas toutefois. Elle était souvent démotivée par je ne sais quel souvenir implacable et torturant. Ainsi nos rendez-vous devenaient des rendez-vous de simple dialogue ou de conférence en tête-à-tête. J’ignorais l’infranchissable mur qui s’était toujours érigé entre nous en ces instants-là, mais elle, non. Un jour, brûlant du désir de déflorer ce mystère qui s’épaississait petit à petit entre nous, je la pris dans mes bras, la serrai fort contre moi et, je commençai timidement, de peur qu’elle ne me repoussât, à frôler son corps. Dans une sensation étrange, je sentis ses seins se durcir contre ma poitrine, et j’entendis aussi des gémissements, on dirait des bruissements d’air filtré entre les dents serrés, je ne m’arrêtais pas. Alors je glissais ma main droite sur la braguette de son jeans pour lui chatouiller son gros pubis. Tout à coup, elle me repoussa violemment. « Arrêtez! Il faut qu’on arrête ! » cria-t-elle, et tout son corps se mit à trembler. En ces instants, elle commençait toute éplorée à m’affirmer sa personnalité dans une histoire qui n’en finit pas.

      « Elle s’appelle Christina V. et je savais l’appeler Tina. Un jour, un homme nommé Vernet passait au bord d’un jardin mystique, hanté par les esprits, dénommé JARDIN NOIR, à Gros-Morne, et il entendit comme un écho au loin, des cris de nouveau-nés. Ces cris étaient pitoyables. Curieux, il pénétrait dans le jardin noir et voyait un bébé chagriné, une petite fille noire, belle mais chétive. Il l’emmenait avec lui comme si c’était la sienne. Cette petite fille, héritière du jardin allait être élevée, grandir dans une famille paysanne. »

      Une grande femme aujourd’hui, elle a la chance de savoir comme moi ce côté noir de sa vie à vingt-trois ans. Elle doit se marier à quelqu’un qu’elle aime beaucoup et même trop, ce quelqu’un mourra et elle, elle deviendra une femme normale. C’est peut-être la raison pour laquelle elle ne voulait pas coucher avec moi. Soit qu’elle me préservait, soit que le fameux Saint Jean-Baptiste me protégeait. En tout cas, peu importe ce qui devait advenir, le mystique rêve de m’anéantir dans la quête de mon origine devait se concrétiser. Et il fallait à tout prix, rien que par des instants d’intimité sexuelle, la convaincre que son histoire n’était pas vraie, bien qu’au fond de moi j’eusse profondément peur. Un jour où je décidai de cesser toute conférence sentimentale – je veux parler des rendez-vous limités seulement à des conversations et échanges verbaux dans la chambre ou par les coins de rue – je me levai de très tôt et lui téléphonai :

      « Allô ! Oui c’est moi poupée, je viendrais te voir aujourd’hui mais, la veille une moto m’a frappé, j’ai la cheville qui s’enfle »

      Ces mots ou cet alibi ne suffisaient pas pour la convaincre de venir chez moi et j’ajoutais : « Je t’attends, je suis à la maison ; tu passeras à la pharmacie la plus proche de ta maison, m’acheter une pommade pour désenfler ma cheville. » Quelle femme amoureuse s’empêcherait de venir ? Elle ne connaissait pas ma maison, mais la zone, oui. Cinq minutes plus tard, elle m’appelait pour se dire en route. Le tap-tap – c’est ainsi qu’on appelle une camionnette de transport public – devait s’arrêter devant la station-service, dite essencerie pour les Africains. J’habitais dans le plus grand appartement du coin, un appartement blanc. L’escalier qui mène à ma chambre commence du rez-de-chaussée, à l’extérieur même de l’appartement. Alors, elle le prendrait tout en suivant mes indications au téléphone. Encore quelques secondes plus tard, on se retrouvait tous les deux dans ma chambre noire et sombre. Elle était timide et stressée mais moi, non car je savais ce que je manigançais. Innocente, elle cherchait ma cheville et moi, le malin, je feignais de souffrir atrocement afin de me faire masser plus tendrement. Peu de paroles échangées, juste des frôlements suggestifs et des soupirs complices. Elle découvrait enfin pourquoi nous y étions réunis ici tous les deux, aucun mystère sur l’objectif de notre présence dans cette pièce noire à haute température. Alors, les mots ne devaient avoir donc plus aucune espèce d’importance à cet instant précis. Elle me dit ainsi : « Dad, caresse-moi, envois-moi au septième ciel et oublie-moi dans les bras de Morphée. » Elle se mit debout sur mon petit lit habillé d’un drap blanc à ourlet fleuri et finement brodé, je lui tins les épaules et commençai à la déshabiller en l’embrassant fiévreusement. Elle avait l’air sûre d’elle. Impatiente, elle me renversa. Sa prise d’initiative m’excita. On a bien fait l’amour. Il n’y avait pas de conférence ce jour-là. C’était notre première fois. C’était un vingt mai. Elle était partie tristement heureuse… je restais nu sur mon lit, attendant ma mort. Le lendemain matin, je me levais en vie, plus en forme que jamais. Elle a bien reçu la nouvelle. C’est ce que je voulais de toutes mes forces. Lui faire l’amour. Si je ne meurs pas, c’est que son histoire est fausse et qu’elle est une femme normale. Depuis lors, elle n’a pas cessé de me désirer. Nos moments devenaient de plus en plus romantiques et immanquables, et son âme fière et noire plus sensible aux titillations piquantes de l’amour qu’elle ne l’avait été naguère… du vingt au vingt-quatre, du vingt-quatre au vingt-sept mai, on se désirait encore tous les deux. Ensuite c’était ses jours de menstruations. On a dû donc reprendre notre petite activité le 13 juin. Ce jour-là, nous avions expérimenté le Kâma-Sûtra, mais elle préférait nous voir en levrette, toutes les parties de nos corps étaient tout en émoi.

      Deux jours plus tard, elle me rêvait : « j’étais venu chez elle, monté dans sa chambre, voulant faire l’amour. Ne m’ayant pas désiré et toute nerveuse, elle prit un couteau de boucher et me poignarda. Je me serais dans ce rêve défenestré si la fenêtre était ouverte et assez grande. »

      Soudain, elle se réveilla dans un magma d’inquiétudes et de craintes, elle se réveilla dans une mare de sang. C’était plutôt elle, la victime. Saint Jean-Baptiste fut avec moi. Le sang ne s’arrêtait pas de couler et coulait pendant un mois, on eût dit de la ménorragie. Elle se faisait consulter par de compétents gynécologues. Le sang ne s’arrêtait toujours pas. J’ai pourtant bien compris que c’était parce que mon Ange Gardien me protégeait et était plus puissant que celui de ceux-là qui mouraient après avoir fait l’amour avec elle. On se voyait encore et encore. A la fin de juillet, je la persuadai de se rendre à Gros-Morne chez un fameux hougan, quelqu’un qui se met en contact avec l’invisible en vue de remédier à nos problèmes. Ce qui devait se faire était fait, le sang s’arrêtait. Le hougan la fit jurer de ne plus jamais entrer en relations sexuelles avec moi, et la fit voir dans un miroir l’homme avec qui elle devra se marier. Mais qu’en est-il de sa lettre bien enveloppée reçue de je ne savais quel Esprit en juin dernier 2012 avant notre rencontre? Dans cette lettre, mon nom était bien écrit. Dans cette enveloppe, il y avait une somme qu’elle devait partager avec moi. Malheureusement ou heureusement, elle ne l’a pas fait, et elle l’a plutôt partagée avec les pauvres. Peut-être que si j’en avais bénéficié, je n’aurais pas été aujourd’hui à écrire ces lignes discordantes et épuisées…toutes suspendues de l’énigme d’une destinée siamoise.

      Toujours à travers le prisme de la passion, l’extérieur est saisissable et, je me contemplais encore fort capable d’abattre l’infranchissable qui fait peur. Mais, conscient de cette grave faiblesse humaine d’éclairer même par le phare du plus grand optimisme, les énigmes qui assombrissent l’existence de l’être, je choisis de me taire ou plutôt, je choisis l’amitié entre Christina et moi. Je me dis souvent, et même aujourd’hui, que notre amitié doit être tutélaire, plus tutélaire que ce fameux Saint Jean-Baptiste que je prétends me protéger, mais qui me laisse passer des nuits blanches, ventre creux, et des journées noires, poches crevées. En amitié, on éprouve moins d’anxiété, ou on n’en éprouve que volontairement. En amitié, passer des lustres, des décennies, des siècles sans se voir n’effraie pas trop. Car, c’est de l’amitié et, de l’amitié tout simplement, sans angoisse et sans heurt. C’est ainsi que de profonds silences s’installent entre nous au jour le jour et s’immobilisent par moments. C’est aussi ainsi que je me remets à vivre avec celle qui m’a circoncis de son sexe et que je n’oublierai jamais, la belle Oli, incapable pourtant d’éteindre mon passé de désenchantement et de mésaventures, mon passé, exutoire par où s’épanche ma déraison, cette raison de vivre qui sort parfois de ma tête.

      Eliphen Jean

      Lire la suite
      Article : Coïncidences parallèles
      Nouvelles
      1
      9 décembre 2014

      Coïncidences parallèles

      Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/
      Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/

      Font surface en face de mon avenir assurément incertain, des non-dits, des secrets, des silences. Coïncidences parallèles. J’éprouve le besoin de retrouver mon origine – comme il doit arriver à tout humain de ressentir à un moment de sa vie – une quête de l’exister, un élan holistique vers son ressourcement. C’est ainsi qu’en plein automne 2012, un beau soir, j’émerge de ce vivier de mensonges et de songes où je vivais depuis vingt-deux ans. À vingt-deux ans, j’éprouve le besoin de savoir pourquoi ma mère et mon père ne vivent plus en couple et pourquoi je suis si attaché à ce dernier en dépit de ses irresponsabilités. Un père qui s’enfuit toujours par la fenêtre quand des dépenses frappent à la porte. Hélas ! Jeanne cherchait, Jeanne trouve, comme dit le vieux proverbe haïtien. Bref! Je m’adresse à ma mère Kaëlle Jean, tâchant de savoir si elle comptait plusieurs amours, dès le dernier soupir de son mari Norilus, le père de mes trois aînés, deux grands frères et une sœur. Toutes les amours dont je serais peut-être un produit de justesse.

      Un enfant adultérin

      Là, elle prit tout son temps à réfléchir, comme si elle pérorait sur les ombres du passé, comme si les voyelles durent se cogner contre ses dents jusqu’à l’avortement de ses rires pour secouer l’inavouable dans son inertie de fossile. Son visage devient triste et serein comme un regard d’enfant sur du gâteau en vitrine et la conversation languit. Quelques minutes plus tard, elle me révéla, éplorée, que je suis supposé être le fils d’Eli Plaisir, drôle de nom ! Mais non ! Quelque chose m’intrigue ! Je m’appelle Phénéli Jean. Comment porter le nom de ma mère et le prénom de ce « supposé père » ? C’est ici bien que je découvris qu’à cette époque-là où je suis né, un enfant comme moi, adultérin, ne saurait avoir la signature de son père, sans l’autorisation de l’épouse légitime, la vraie femme légalement mariée. Sans doute, ma mère n’était-elle pas la vraie, elle ne serait donc qu’une concubine ! Je persistais avec mes questions jusqu’à la sortir de ses gonds. Tonnerre de Dieu ! S’exclama-t-elle, et poursuivit enfin tristement, les yeux humides et larmoyants:

      « Après la mort de mon mari, l’usure m’entraînait sur le chemin d’un prénommé Eli. Quelques mois durant notre aventure, je découvris qu’il était un homme marié, père d’un essaim d’enfants. Je le détestai au point d’avoir peur de le revoir. Ayant voulu à tout prix m’avoir dans ses serres, il se rendit au pied de Saint-Jean Baptiste pour demander un autre enfant. »

      Aujourdhui, inachevée

      À ces mots, j’aurais éclaté en sanglots et me serais jeté dans ses bras cordés de veines. N’ayant pu m’échapper à tant d’émotions qui pèsent aussi lourd que le plomb de mon passé, je m’en allais tremblotant, les jambes molles, droit vers mon grabat. Ce soir-là, des visions ténébreuses et moroses tourbillonnaient dans ma tête au point de pouvoir dormir. J’essayais de me relier à mon histoire pour donner consistance et cohérence à mon existence. Soudain il me souvint que tout petit, ma mère me traitait de fils de Loa, surtout que je me réveillais toutes les quatre heures du matin, voulant du pain trempé dans de l’eau sucrée. Qu’on le voulût ou non, ma grand-mère Atilia devait frapper à toutes les portes du quartier, sans quoi mes cris seraient si aigus que toute la ville en serait ébranlée. Était-ce pour rien ? Je ne vais pas chercher pourquoi le vert jure avec le bleu. Qu’importe le cas, tout ce que je sais, je le sais bien. Je ne suis pas un enfant naturel. Qu’importe le prix à payer, je le sais et je l’avoue, car ma langue n’appartient pas aux chiens. « Phénéli est le fils de Saint-Jean Baptiste *. » Vérité qui doit déroger à la dignité des esprits, puisque je ne dois pas en parler. Mais, c’est mon histoire malgré tout, et tout simplement. Peut-être la plus étourdissante et la plus incroyable, jusqu’aujourd’hui, inachevée, puisqu’il faut partir vers mes origines jusqu’à prendre racine dans une nouvelle aventure de maturation.

      Notes:
      Loa ou lwa, esprits de la religion vaudou. On les appelle aussi « les Mystères » , « les Invisibles ».
      Saint-Jean Baptiste, saint catholique correspondant ici au loa vaudou Aga-ou Tonè – Sim’bi

      Eliphen Jean

      Lire la suite
      Article : Mondoblog, apprendre ou connaître autrement le monde
      Culture
      8
      8 décembre 2014

      Mondoblog, apprendre ou connaître autrement le monde

      Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/
      Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/

      Blogueurs, ils sont. Quelles que soient leurs différences, leurs frontières intérieures, quelle que soit leur vision du monde, ils se retrouvent là. Ils s’expriment librement. Ils se font l’organe des sans-voix. Ils tissent au fil de l’imaginaire, la Toile.

      Les blogueurs dévoilent le monde et interpellent les consciences. Ils évoquent le monde, comme pour le soumettre à la générosité de ceux qui lisent. Ils décapent le quotidien de ses complexités. On peut dire qu’ils se soucient du monde et de la vie des autres. En fait, ils se soucient de tout. Et cette préoccupation les attire les uns vers les autres, elle les hisse vers cet idéal noble qui est de contribuer au changement positif d’un monde en ruine, nonobstant les grands progrès scientifiques.

      En effet, je crois que l’eurythmie de l’existence humaine doit dépendre, en quelque sorte, de ça. De cette reconnaissance que le monde est l’affaire de tous, et qu’on est chacun une maille de cette chaîne qui nous lie. Pour le maintien de cette chaîne, il faut tisser des liens entre les continents, car, continent, dans son sens étymologique (continere), signifie « tenir ensemble ». Mais, pour tenir ensemble, il est nécessaire d’avoir un lieu d’échange où les idées, les points de vue se mêlent et parfois s’entrechoquent sans choquer les différences.

      Outre que Mondoblog est, pour moi, un lieu d’échanges et d’expression, sa raison d’être réside dans le cafouillis des différents problèmes posés, dénoncés et analysés par les uns et les autres. C’est vrai qu’il n’y a pas « de panacée sociale » comme le disait Léon Gambetta, mais cette communauté est  vivante. On peut voir à quel point les blogueurs y font assaut d’esprit et de zèle.

      Dès lors, il suffit d’être de ceux qui naviguent dans les cybermondes, et d’avoir les moyens adéquats. Il suffit d’être sur Mondoblog où le « monde est au blog », si grand qu’il soit. C’est en effet du monde qu’il en est question, pas d’un continent en particulier. Toutefois, honneurs et mérites aux Africains, car, non seulement l’idée vient de chez eux, mais ils sont nombreux à écrire. La blogosphère francophone leur doit quelque chose de particulier.

      Éliphen Jean

      Lire la suite
      « »
      • 1
      • 2
      • 3
      • 4
      • 5
      • 6
      Ecrire pour dévoiler le monde... Mais aussi pour interpeller les consciences.

      Auteur·e

      L'auteur: Eliphen Jean

      Populaires

      Article : Dans mon pays, les immondices servent d’adresses

      Dans mon pays, les immondices servent d’adresses

      30 janvier 2015
      Article : Haïti : la République du cauchemar

      Haïti : la République du cauchemar

      20 novembre 2014
      Article : Mondoblog, apprendre ou connaître autrement le monde

      Mondoblog, apprendre ou connaître autrement le monde

      8 décembre 2014
      Article : Haïti est africaine

      Haïti est africaine

      25 novembre 2014
      Article : Dakar mon amour, je suis pédé si tu es un homme

      Dakar mon amour, je suis pédé si tu es un homme

      10 décembre 2015
      Article : amour à l’encre noire

      amour à l’encre noire

      29 novembre 2014

      INTERPELLATION

      6 novembre 2014
      Article : L’arrivée équivoque de la Marine britannique en Haïti

      L’arrivée équivoque de la Marine britannique en Haïti

      28 novembre 2014

      Amis d’ici et d’ailleurs!

      21 septembre 2014
      Article : Haïti à l’arrière-garde de la démocratie

      Haïti à l’arrière-garde de la démocratie

      1 décembre 2014
      Regard pluriel © 2021
      -
      BLOG DU RÉSEAU MONDOBLOG
      Mentions légales Centre de préférences