Eliphen Jean

Noël, chez nous

nicolebertin.blogspot.com
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Alors qu’autrefois la Noël était synonyme de réjouissances familiales et de jubilation. Elle est, de nos jours, l’occasion de tristesse collective. Ici, on sent le sapin. Ailleurs, les arbres se dépouillent de leur feuillage, et les feuilles tombent comme les années. La bourgeoisie se dit aussi pauvre que le bas peuple. L’obscurité grimpe jusqu’à la cime des sapins. C’est la Noël, chez nous. C’est ce qui se vit. C’est ce que je vois.

Et pourquoi pas une Noël comme jadis ? Des montagnes de cadeaux prêts à se déballer pour emballer les enfants. Mots d’amour sur du papier parfumé et orné de guirlandes de roses, ce sont des vœux d’amour et de bonheur à un être cher. Stands d’expositions dans toutes les écoles. Stands d’animation dans tous les quartiers pour ambiancer les soirées et les rues. Un égal attachement à la tradition de Noël réunit poètes et conteurs, slameurs et chanteurs, graffiteurs et dessinateurs, ambianceurs de bars ou de boites de nuit, riches et pauvres… Je me rappelle de ce temps. J’étais tout petit. C’était, pour la plupart, le bonheur à tire-larigot. J’ai connu, moi aussi, ce bonheur. Si seulement je pouvais repenser mon enfance en l’absence du temps où la misère ternit ma jeunesse…

Nous sommes le 29 décembre. Dans deux jours, l’année prend fin. L’an qui vient s’annonce plutôt mal…comme une décadence de toutes parts. Tout est sombre et funèbre. Les maisons de ma ville sont ternes et sans décor, comme la mer et le ciel, comme le cœur des mamans. L’uniformité terreuse de la vie évoque une incurable mélancolie. La vie est plutôt grise. Ce n’est pas comme jadis où la Noël était toute marquée, jusqu’au début du nouvel an, d’explosions de joie et d’enthousiasme…

Malgré tout, j’espère revoir un jour d’éblouissants feux d’artifice mêler aux étoiles leurs panaches de feu. Je n’ai pas assisté à de tels spectacles, il y a longtemps. J’aimerais tant revivre cette coutume tombée en désuétude… J’aimerais tant revivre ma Noël d’antan. Si seulement je pouvais hâter le temps, je ne peux plus attendre le premier janvier pour me farcir mon bol de soupe aux choux et de giraumont.

Éliphen Jean


IL faut réinventer l’Etat haïtien

Crédit photo: canalplushaiti.net
Crédit photo: canalplushaiti.net

Les mots sont peu pour brosser les sombres anomalies de l’histoire de mon pays. Il faut pourtant le débarbouiller, à l’eau forte, de tous les graffitis misérabilistes qui le noircissent depuis des ans… Mais, comment y arriver sans une prise de conscience collective ? Une prise de conscience de ce que nous sommes réellement, et de ce que nous devons faire pour tirer le pays de son bourbier mouvant.

Haïti, dit-on, est la première République noire indépendante. La bataille de Vertières, l’apogée de la révolte des esclaves de St Domingue, a conduit à son indépendance. Elle peut se considérer comme un engagement patriotique, car c’est de là que sont jetées les fondations de notre République, ou plutôt de notre patrie. Un coup d’œil sur l’histoire nous montrerait bien l’idée révolutionnaire des esclaves, et, surtout, cette volonté d’avoir une nation. Et, c’est ici le patriotisme vivant qui animait cette bataille. Le patriotisme était donc ce désir féroce de briser les chaînes de l’esclavage, et le sentiment d’appartenir à une nation. Littéralement de pater, patriotisme signifie le sentiment d’appartenance à un pays. Il s’agit d’un sentiment fait d’amour et de fierté qui porte à soutenir l’idée de lien à un pays.

Toutefois, il faut reconnaître qu’il existe plusieurs types de patriotismes : social, économique, culturel et juridique. Mais, en ce qui doit concerner le peuple haïtien que nous sommes, c’est le patriotisme social qui nous interpelle, car il renvoie, tout à fait, à cet attachement particulier à un territoire, à une terre donnée. C’est donc le sol qui est le lieu d’attachement où les esclaves ont érigé, dans la tradition, une culture, une identité, une conscience (d’être aussi des humains) qui les dépassaient, mais dont ils furent uniques porteurs. En effet, il est important que mes compatriotes avisés soient conscients de cela, et qu’ils s’engagent dans une dynamique révolutionnaire. Il faut une révolution sociale, en ce sens qu’elle est le passage, réalisé par des forces progressistes de la société, à un degré qualitativement nouveau, supérieur de développement, le mouvement d’un régime social ancien, suranné, vers un nouveau régime, plus avancé. Les barrières, je le crois, qui cloisonnent notre société, ne peuvent être brisées que par une révolution sociale planifiée.

Par ailleurs, ce type de patriotisme se reconnaît dans la défense des valeurs traditionnelles, de la culture propre au pays, qui passe, naturellement, par l’affirmation d’une conscience du « nous ». Qui dit protection de ces valeurs, dit défense d’une identité qui est aussi celle du territoire national contre une occupation ou une présence ressentie comme incongrue. Il faut ainsi une lutte visant à rejeter les valeurs ou cultures étrangères, ou à les basculer en arrière-plan. Au gré du phénomène de la mondialisation, il faut brandir le flambeau du patriotisme contre l’étendard sanglant des impérialismes culturel, politique et économique. Il faut une prise de conscience que nous sommes un peuple indépendant, que nous avons une nation… et que nous devons édifier l’avenir de ce pays à l’imitation du passé. Si le passé était triomphant, pourquoi ne pas s’y modeler ou s’en instruire aujourd’hui, en ce temps de désespoirs et de misère chronique ? Je conseillerais ici de déterrer, ressusciter, pour revoir, une dernière fois, contempler le passé, le parcours accompli des ancêtres. Haïti est l’affaire de tous. Cependant, nous n’aboutirons pas à recouvrer notre fierté nationale sans une reconnaissance citoyenne. Nous n’aboutirons pas non plus sans une politique contre le chômage, car comme disait O. Henry, l’amour, le travail, la famille, la religion, l’art, le patriotisme sont des mots vides de sens pour qui meurt de faim. Parler de chômage, de misère, c’est souligner un cas de péril national qui fera substituer l’instinct de conservation collectif que représente le patriotisme, à celui de conservation individuelle.

En ces temps de déprime économique, où la dérive du chômage devient de plus en plus effrayante, de quoi Haïti a-t-elle besoin réellement? De pont à étagement, de deux carnavals dispendieux par an, ou d’entreprises pour générer des emplois ? De quoi ? L’épouvantail du chômage s’agite très fort, alors que le Président Martelly ne cesse de crier jusqu’à ce jour : « Haiti is open for business*», « Haïti avance ! ». Sous l’angle de la qualité de la vie, le bas peuple qui vote, doit savoir de quel homme d’Etat il a besoin. C’est important. C’est vrai qu’un malheureux au pouvoir est capable de nous rendre tous pauvres, mais un riche au pouvoir (surtout sans une compétence adéquate) n’y peut rien pour les pauvres s’il n’a pas souffert comme eux, ou s’il n’est pas conscient de leurs souffrances. D’ailleurs, les capitalistes, inhumains qu’ils sont, se repaissent de la souffrance humaine. La misère des autres leur sert de tremplin.

De quel homme d’Etat Haïti a besoin ? Elle a besoin d’un homme d’Etat différent de ses vautours habituels, vautours à l’insatiable boulimie politique. Un homme d’Etat qui reconnaît son devoir fondamental, celui d’améliorer les conditions existentielles de la masse. Ce devoir de l’homme d’Etat, pour dire comme Emile Durkheim, n’est plus de pousser violemment les sociétés vers un idéal qui lui paraît séduisant, mais son rôle est celui du médecin : il prévient l’éclosion des maladies par une bonne hygiène et, quand elles sont déclarées, il cherche à les guérir. Voilà l’homme qu’il nous faut. Ainsi, comme un brin de paille dans l’étable, l’espoir luira, et éclatera même, un jour, sur la noirceur lugubre du quotidien. Tant qu’une jeunesse existe, Haïti peut espérer. La jeunesse est le fer de lance d’une nation.

Eliphen Jean


La lecture, dispensatrice de bienfaits

Crédit photo: mysticlolly-leblog.fr
Crédit photo: mysticlolly-leblog.fr

La lecture sustente l’esprit. Il n’y a pas de chagrin qu’un instant de lecture ne puisse dissiper. C’est un excellent antidote contre la mélancolie et les dégoûts de la vie. Il suffit de savoir lire et de lire des livres en faveur de notre personne. En lisant, il arrive que les ressouvenirs confus, vagues et flottants, s’évanouissent. Il arrive aussi que les souvenirs déprimants qui stagnaient dans notre esprit, s’anéantissent dans l’oubli. La lecture est un dictame pour calmer le chagrin… À certaines heures de notre journée ou de notre semaine, trouvons-nous un livre pour y chercher un principe d’intérêt, un thème de divertissement, une raison de réconfort et d’oubli. Trouvons-nous un livre, et ajoutons une dose d’émotions, d’expériences fictives à notre être. Notre personne en a besoin.

Par ailleurs, il semble qu’un sérieux effort de lecture est aussi un véritable travail de divination pour faire revivre les hautes âmes du passé. Je comprends, ici, que lire, c’est ressusciter des sentiments, c’est entrer en conversation avec les gens des siècles passés. Lire, c’est tenter de faire l’autopsie de l’imaginaire… Pour ceux qui sont de notre siècle, ils proposent en fait leur livre à notre générosité. C’est une tâche qu’il nous faut accomplir. Aucun livre n’est achevé, voire parfait. C’est pourquoi tout livre aurait pour collaborateur, son lecteur. Un auteur compte toujours sur ses lecteurs, les critiques lui valent beaucoup. Il écrit mieux quand il est lu et honnêtement critiqué.

Il faut lire. Lire pour se construire. Lire pour grandir. Lire, c’est aussi voyager. Mais, pour connaître ces bienfaits de la lecture, il est nécessaire d’avoir une raison de lire. Pourquoi lire ? Quant à moi, je lis car je me sens souvent seul, et le livre, selon Georges Duhamel, est l’ami de la solitude. Il nourrit l’individualisme libérateur. Dans la lecture solitaire, l’homme qui se cherche lui-même a quelque chance de se rencontrer. Tel est mon cas. Je lis également pour voyager. Quand je lis, j’ai l’impression d’aller partout, je dialogue avec des personnages qui sont loin de mon île… J’ai l’impression d’être au brésil en lisant Paolo Coello, en argentine quand je lis Borges, l’humble aveugle. J’ai longtemps visité la France en lisant Victor Hugo, en étant au bord du lac de Lamartine… Lire, c’est aussi écouter un écrivain qui parle, quoique mort. Je parle à des morts. Je lis surtout le soir, au beau milieu de la nuit, quand le calme est olympien.

J’avais à peine dix-sept ans. Je lisais déjà Héros et culte des héros de Thomas Carlyle. J’ai lu que la véritable université de nos jours, est une collection de livres. Depuis lors, je me faisais appeler collectionneur de livres, je me faisais Rousseau, rat de bibliothèque. Je me faisais même appeler bibliothèque ambulante. Outre que je portais un sac-à-dos assez lourd, mes bras étaient aussi meublés de livres. J’avais presque la sensation de porter Victor Hugo, Lamartine, Vigny, Voltaire, François René de Chateaubriand… et les poètes et écrivains de mon pays, Oswald Durand, Etzer Vilaire, Carl Brouard, Antoine Dupré, Anténor Firmin, Jules Solime Milscent, Massillon Coicou, Jacques Roumain… comme s’ils étaient dans les bras de leur mère. Je portais pourtant des livres.

Toutefois, Francis bacon, dans son livre titré essais, nous conseille qu’il y a des livres dont il faut seulement goûter, d’autres qu’il faut dévorer, d’autres enfin, mais en petit nombre, qu’il faut, pour ainsi dire, mâcher et digérer. Peu importe ce que dit cet auteur, il suffit qu’une lecture nous élève l’esprit, et qu’elle nous inspire des sentiments nobles et courageux. Tous les livres ont besoin d’être lus, c’est avant tout la qualité du bon lecteur qui fait la valeur d’un livre. Les livres, pourvu qu’on puisse les appeler ainsi, sont tous beaux. Ils ont tout simplement chacun leurs lecteurs. Les livres, comme le disait Pétrarque, nous charment jusqu’à la moelle, nous parlent, nous donnent des conseils et sont unis à nous par une sorte de familiarité vivante et harmonieuse.

La lecture est un exercice assez profitable, un voyage qui calme les peines. C’est un capital qui s’accroît. C’est l’antidote du souci, une oasis de bonheur contre un désert d’ennui.

J’offre, ici, trois règles aux lecteurs et aspirants lecteurs :

D’abord, lisez aussi les livres que vous n’avez pas encore lus, peu importe leur date de parution. Une connaissance n’a pas de date. Il vous faut savoir uniquement comment et quand l’utiliser. Ensuite, ne cherchez pas à lire seulement des livres réputés. Un livre ne peut pas être réputé s’il n’est pas lu. Contribuez à ce qu’un livre soit réputé en le lisant bien et en le faisant lire. Enfin, lisez aussi des livres que vous n’aimez pas encore. Vous ne pouvez pas aimer un livre sans l’avoir déjà lu.

Eliphen Jean


Coïncidences parallèles, 2ème partie

Deuxième partie

Voilà ! un tissu d’incohérences, de sensations, d’inepties et de confusions nues… ma vie, me dis-je souvent, doit être étroitement liée à celle de ma première petite amie que j’allais revoir en 2012, la quatrième fois après ses trois années de silence, d’absence et de désespoir. Elle avait déserté ma vie, elle était partie comme en fumée pour l’Argentine. Le seul souvenir qui m’apparaissait souvent comme l’épave du bonheur était celui de son regard candide, malicieux et craquant, et de sa taille fine. Pas même un baiser. Pas même un câlin. Mais, il fallait la revoir…plus belle, plus allumeuse. Et depuis lors, nous étions tous deux altérés du bonheur de nous revoir tous les jours, nous croyant forts d’amour de combattre un jour ce qui nous tiendrait plus tard éloignés l’un de l’autre, l’inconnu. Et, nous nous livrâmes tous les deux au vautour de l’inconnu sans nous soucier des avatars qui nous attendent. Nous nous fixions sans cesse des rendez-vous tous les jours, des rendez-vous galants au bord du temps, nous avions toujours envie l’un de l’autre, nous n’y arrivions pas toutefois. Elle était souvent démotivée par je ne sais quel souvenir implacable et torturant. Ainsi nos rendez-vous devenaient des rendez-vous de simple dialogue ou de conférence en tête-à-tête. J’ignorais l’infranchissable mur qui s’était toujours érigé entre nous en ces instants-là, mais elle, non. Un jour, brûlant du désir de déflorer ce mystère qui s’épaississait petit à petit entre nous, je la pris dans mes bras, la serrai fort contre moi et, je commençai timidement, de peur qu’elle ne me repoussât, à frôler son corps. Dans une sensation étrange, je sentis ses seins se durcir contre ma poitrine, et j’entendis aussi des gémissements, on dirait des bruissements d’air filtré entre les dents serrés, je ne m’arrêtais pas. Alors je glissais ma main droite sur la braguette de son jeans pour lui chatouiller son gros pubis. Tout à coup, elle me repoussa violemment. « Arrêtez! Il faut qu’on arrête ! » cria-t-elle, et tout son corps se mit à trembler. En ces instants, elle commençait toute éplorée à m’affirmer sa personnalité dans une histoire qui n’en finit pas.

« Elle s’appelle Christina V. et je savais l’appeler Tina. Un jour, un homme nommé Vernet passait au bord d’un jardin mystique, hanté par les esprits, dénommé JARDIN NOIR, à Gros-Morne, et il entendit comme un écho au loin, des cris de nouveau-nés. Ces cris étaient pitoyables. Curieux, il pénétrait dans le jardin noir et voyait un bébé chagriné, une petite fille noire, belle mais chétive. Il l’emmenait avec lui comme si c’était la sienne. Cette petite fille, héritière du jardin allait être élevée, grandir dans une famille paysanne. »

Une grande femme aujourd’hui, elle a la chance de savoir comme moi ce côté noir de sa vie à vingt-trois ans. Elle doit se marier à quelqu’un qu’elle aime beaucoup et même trop, ce quelqu’un mourra et elle, elle deviendra une femme normale. C’est peut-être la raison pour laquelle elle ne voulait pas coucher avec moi. Soit qu’elle me préservait, soit que le fameux Saint Jean-Baptiste me protégeait. En tout cas, peu importe ce qui devait advenir, le mystique rêve de m’anéantir dans la quête de mon origine devait se concrétiser. Et il fallait à tout prix, rien que par des instants d’intimité sexuelle, la convaincre que son histoire n’était pas vraie, bien qu’au fond de moi j’eusse profondément peur. Un jour où je décidai de cesser toute conférence sentimentale – je veux parler des rendez-vous limités seulement à des conversations et échanges verbaux dans la chambre ou par les coins de rue – je me levai de très tôt et lui téléphonai :

« Allô ! Oui c’est moi poupée, je viendrais te voir aujourd’hui mais, la veille une moto m’a frappé, j’ai la cheville qui s’enfle »

Ces mots ou cet alibi ne suffisaient pas pour la convaincre de venir chez moi et j’ajoutais : « Je t’attends, je suis à la maison ; tu passeras à la pharmacie la plus proche de ta maison, m’acheter une pommade pour désenfler ma cheville. » Quelle femme amoureuse s’empêcherait de venir ? Elle ne connaissait pas ma maison, mais la zone, oui. Cinq minutes plus tard, elle m’appelait pour se dire en route. Le tap-tap – c’est ainsi qu’on appelle une camionnette de transport public – devait s’arrêter devant la station-service, dite essencerie pour les Africains. J’habitais dans le plus grand appartement du coin, un appartement blanc. L’escalier qui mène à ma chambre commence du rez-de-chaussée, à l’extérieur même de l’appartement. Alors, elle le prendrait tout en suivant mes indications au téléphone. Encore quelques secondes plus tard, on se retrouvait tous les deux dans ma chambre noire et sombre. Elle était timide et stressée mais moi, non car je savais ce que je manigançais. Innocente, elle cherchait ma cheville et moi, le malin, je feignais de souffrir atrocement afin de me faire masser plus tendrement. Peu de paroles échangées, juste des frôlements suggestifs et des soupirs complices. Elle découvrait enfin pourquoi nous y étions réunis ici tous les deux, aucun mystère sur l’objectif de notre présence dans cette pièce noire à haute température. Alors, les mots ne devaient avoir donc plus aucune espèce d’importance à cet instant précis. Elle me dit ainsi : « Dad, caresse-moi, envois-moi au septième ciel et oublie-moi dans les bras de Morphée. » Elle se mit debout sur mon petit lit habillé d’un drap blanc à ourlet fleuri et finement brodé, je lui tins les épaules et commençai à la déshabiller en l’embrassant fiévreusement. Elle avait l’air sûre d’elle. Impatiente, elle me renversa. Sa prise d’initiative m’excita. On a bien fait l’amour. Il n’y avait pas de conférence ce jour-là. C’était notre première fois. C’était un vingt mai. Elle était partie tristement heureuse… je restais nu sur mon lit, attendant ma mort. Le lendemain matin, je me levais en vie, plus en forme que jamais. Elle a bien reçu la nouvelle. C’est ce que je voulais de toutes mes forces. Lui faire l’amour. Si je ne meurs pas, c’est que son histoire est fausse et qu’elle est une femme normale. Depuis lors, elle n’a pas cessé de me désirer. Nos moments devenaient de plus en plus romantiques et immanquables, et son âme fière et noire plus sensible aux titillations piquantes de l’amour qu’elle ne l’avait été naguère… du vingt au vingt-quatre, du vingt-quatre au vingt-sept mai, on se désirait encore tous les deux. Ensuite c’était ses jours de menstruations. On a dû donc reprendre notre petite activité le 13 juin. Ce jour-là, nous avions expérimenté le Kâma-Sûtra, mais elle préférait nous voir en levrette, toutes les parties de nos corps étaient tout en émoi.

Deux jours plus tard, elle me rêvait : « j’étais venu chez elle, monté dans sa chambre, voulant faire l’amour. Ne m’ayant pas désiré et toute nerveuse, elle prit un couteau de boucher et me poignarda. Je me serais dans ce rêve défenestré si la fenêtre était ouverte et assez grande. »

Soudain, elle se réveilla dans un magma d’inquiétudes et de craintes, elle se réveilla dans une mare de sang. C’était plutôt elle, la victime. Saint Jean-Baptiste fut avec moi. Le sang ne s’arrêtait pas de couler et coulait pendant un mois, on eût dit de la ménorragie. Elle se faisait consulter par de compétents gynécologues. Le sang ne s’arrêtait toujours pas. J’ai pourtant bien compris que c’était parce que mon Ange Gardien me protégeait et était plus puissant que celui de ceux-là qui mouraient après avoir fait l’amour avec elle. On se voyait encore et encore. A la fin de juillet, je la persuadai de se rendre à Gros-Morne chez un fameux hougan, quelqu’un qui se met en contact avec l’invisible en vue de remédier à nos problèmes. Ce qui devait se faire était fait, le sang s’arrêtait. Le hougan la fit jurer de ne plus jamais entrer en relations sexuelles avec moi, et la fit voir dans un miroir l’homme avec qui elle devra se marier. Mais qu’en est-il de sa lettre bien enveloppée reçue de je ne savais quel Esprit en juin dernier 2012 avant notre rencontre? Dans cette lettre, mon nom était bien écrit. Dans cette enveloppe, il y avait une somme qu’elle devait partager avec moi. Malheureusement ou heureusement, elle ne l’a pas fait, et elle l’a plutôt partagée avec les pauvres. Peut-être que si j’en avais bénéficié, je n’aurais pas été aujourd’hui à écrire ces lignes discordantes et épuisées…toutes suspendues de l’énigme d’une destinée siamoise.

Toujours à travers le prisme de la passion, l’extérieur est saisissable et, je me contemplais encore fort capable d’abattre l’infranchissable qui fait peur. Mais, conscient de cette grave faiblesse humaine d’éclairer même par le phare du plus grand optimisme, les énigmes qui assombrissent l’existence de l’être, je choisis de me taire ou plutôt, je choisis l’amitié entre Christina et moi. Je me dis souvent, et même aujourd’hui, que notre amitié doit être tutélaire, plus tutélaire que ce fameux Saint Jean-Baptiste que je prétends me protéger, mais qui me laisse passer des nuits blanches, ventre creux, et des journées noires, poches crevées. En amitié, on éprouve moins d’anxiété, ou on n’en éprouve que volontairement. En amitié, passer des lustres, des décennies, des siècles sans se voir n’effraie pas trop. Car, c’est de l’amitié et, de l’amitié tout simplement, sans angoisse et sans heurt. C’est ainsi que de profonds silences s’installent entre nous au jour le jour et s’immobilisent par moments. C’est aussi ainsi que je me remets à vivre avec celle qui m’a circoncis de son sexe et que je n’oublierai jamais, la belle Oli, incapable pourtant d’éteindre mon passé de désenchantement et de mésaventures, mon passé, exutoire par où s’épanche ma déraison, cette raison de vivre qui sort parfois de ma tête.

Eliphen Jean


Coïncidences parallèles

Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/
Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/

Font surface en face de mon avenir assurément incertain, des non-dits, des secrets, des silences. Coïncidences parallèles. J’éprouve le besoin de retrouver mon origine – comme il doit arriver à tout humain de ressentir à un moment de sa vie – une quête de l’exister, un élan holistique vers son ressourcement. C’est ainsi qu’en plein automne 2012, un beau soir, j’émerge de ce vivier de mensonges et de songes où je vivais depuis vingt-deux ans. À vingt-deux ans, j’éprouve le besoin de savoir pourquoi ma mère et mon père ne vivent plus en couple et pourquoi je suis si attaché à ce dernier en dépit de ses irresponsabilités. Un père qui s’enfuit toujours par la fenêtre quand des dépenses frappent à la porte. Hélas ! Jeanne cherchait, Jeanne trouve, comme dit le vieux proverbe haïtien. Bref! Je m’adresse à ma mère Kaëlle Jean, tâchant de savoir si elle comptait plusieurs amours, dès le dernier soupir de son mari Norilus, le père de mes trois aînés, deux grands frères et une sœur. Toutes les amours dont je serais peut-être un produit de justesse.

Un enfant adultérin

Là, elle prit tout son temps à réfléchir, comme si elle pérorait sur les ombres du passé, comme si les voyelles durent se cogner contre ses dents jusqu’à l’avortement de ses rires pour secouer l’inavouable dans son inertie de fossile. Son visage devient triste et serein comme un regard d’enfant sur du gâteau en vitrine et la conversation languit. Quelques minutes plus tard, elle me révéla, éplorée, que je suis supposé être le fils d’Eli Plaisir, drôle de nom ! Mais non ! Quelque chose m’intrigue ! Je m’appelle Phénéli Jean. Comment porter le nom de ma mère et le prénom de ce « supposé père » ? C’est ici bien que je découvris qu’à cette époque-là où je suis né, un enfant comme moi, adultérin, ne saurait avoir la signature de son père, sans l’autorisation de l’épouse légitime, la vraie femme légalement mariée. Sans doute, ma mère n’était-elle pas la vraie, elle ne serait donc qu’une concubine ! Je persistais avec mes questions jusqu’à la sortir de ses gonds. Tonnerre de Dieu ! S’exclama-t-elle, et poursuivit enfin tristement, les yeux humides et larmoyants:

« Après la mort de mon mari, l’usure m’entraînait sur le chemin d’un prénommé Eli. Quelques mois durant notre aventure, je découvris qu’il était un homme marié, père d’un essaim d’enfants. Je le détestai au point d’avoir peur de le revoir. Ayant voulu à tout prix m’avoir dans ses serres, il se rendit au pied de Saint-Jean Baptiste pour demander un autre enfant. »

Aujourdhui, inachevée

À ces mots, j’aurais éclaté en sanglots et me serais jeté dans ses bras cordés de veines. N’ayant pu m’échapper à tant d’émotions qui pèsent aussi lourd que le plomb de mon passé, je m’en allais tremblotant, les jambes molles, droit vers mon grabat. Ce soir-là, des visions ténébreuses et moroses tourbillonnaient dans ma tête au point de pouvoir dormir. J’essayais de me relier à mon histoire pour donner consistance et cohérence à mon existence. Soudain il me souvint que tout petit, ma mère me traitait de fils de Loa, surtout que je me réveillais toutes les quatre heures du matin, voulant du pain trempé dans de l’eau sucrée. Qu’on le voulût ou non, ma grand-mère Atilia devait frapper à toutes les portes du quartier, sans quoi mes cris seraient si aigus que toute la ville en serait ébranlée. Était-ce pour rien ? Je ne vais pas chercher pourquoi le vert jure avec le bleu. Qu’importe le cas, tout ce que je sais, je le sais bien. Je ne suis pas un enfant naturel. Qu’importe le prix à payer, je le sais et je l’avoue, car ma langue n’appartient pas aux chiens. « Phénéli est le fils de Saint-Jean Baptiste *. » Vérité qui doit déroger à la dignité des esprits, puisque je ne dois pas en parler. Mais, c’est mon histoire malgré tout, et tout simplement. Peut-être la plus étourdissante et la plus incroyable, jusqu’aujourd’hui, inachevée, puisqu’il faut partir vers mes origines jusqu’à prendre racine dans une nouvelle aventure de maturation.

Notes:
Loa ou lwa, esprits de la religion vaudou. On les appelle aussi « les Mystères » , « les Invisibles ».
Saint-Jean Baptiste, saint catholique correspondant ici au loa vaudou Aga-ou Tonè – Sim’bi

Eliphen Jean


Mondoblog, apprendre ou connaître autrement le monde

Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/
Crédit photo: https://elphjn01.mondoblog.org/

Blogueurs, ils sont. Quelles que soient leurs différences, leurs frontières intérieures, quelle que soit leur vision du monde, ils se retrouvent là. Ils s’expriment librement. Ils se font l’organe des sans-voix. Ils tissent au fil de l’imaginaire, la Toile.

Les blogueurs dévoilent le monde et interpellent les consciences. Ils évoquent le monde, comme pour le soumettre à la générosité de ceux qui lisent. Ils décapent le quotidien de ses complexités. On peut dire qu’ils se soucient du monde et de la vie des autres. En fait, ils se soucient de tout. Et cette préoccupation les attire les uns vers les autres, elle les hisse vers cet idéal noble qui est de contribuer au changement positif d’un monde en ruine, nonobstant les grands progrès scientifiques.

En effet, je crois que l’eurythmie de l’existence humaine doit dépendre, en quelque sorte, de ça. De cette reconnaissance que le monde est l’affaire de tous, et qu’on est chacun une maille de cette chaîne qui nous lie. Pour le maintien de cette chaîne, il faut tisser des liens entre les continents, car, continent, dans son sens étymologique (continere), signifie « tenir ensemble ». Mais, pour tenir ensemble, il est nécessaire d’avoir un lieu d’échange où les idées, les points de vue se mêlent et parfois s’entrechoquent sans choquer les différences.

Outre que Mondoblog est, pour moi, un lieu d’échanges et d’expression, sa raison d’être réside dans le cafouillis des différents problèmes posés, dénoncés et analysés par les uns et les autres. C’est vrai qu’il n’y a pas « de panacée sociale » comme le disait Léon Gambetta, mais cette communauté est  vivante. On peut voir à quel point les blogueurs y font assaut d’esprit et de zèle.

Dès lors, il suffit d’être de ceux qui naviguent dans les cybermondes, et d’avoir les moyens adéquats. Il suffit d’être sur Mondoblog où le « monde est au blog », si grand qu’il soit. C’est en effet du monde qu’il en est question, pas d’un continent en particulier. Toutefois, honneurs et mérites aux Africains, car, non seulement l’idée vient de chez eux, mais ils sont nombreux à écrire. La blogosphère francophone leur doit quelque chose de particulier.

Éliphen Jean


Elections en Haïti, un véritable casse-tête

Les élections législatives auront enfin lieu. Je crois que oui. Sinon, Haïti sera davantage en ébullition, et les rapaces fondront à discrétion sur cette proie tentante, combien convoitée, qu’est Haïti. Oui, les rapaces qui disent vouloir aider Haïti.

Les manifestations continues des Haïtiens opposants au gouvernement pour la tenue d’élections libres, témoignent de la prévarication du Président Michel Martelly et du Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe. On ne cesse de crier A bas ! alors que le mandat du parlement actuel devrait prendre fin le 12 janvier 2015 si le Gouvernement ne différait pas les élections législatives et municipales initialement prévues le 26 octobre. L’opposition, craignant qu’un éventuel vide parlementaire ne conduise Michel Martelly à gouverner par décrets, tient à ce que les élections aient lieu convenablement. Leur seul moyen d’actionner le gouvernement est de fomenter des troubles, sans penser à leurs incidences sur la vie socioéconomique de la masse populaire.

Dans le souci d’éviter une crise plus complexe en 2015, le chef de l’Etat souligne l’urgence d’une solution. Ainsi, il a préconisé une commission consultative, à défaut de quoi le pays serait confronté à une situation préjudiciable à la souveraineté nationale après le départ de la 49ème législature. Cette commission constituée de 11 membres va plancher sur une proposition de sortie de crise, dans un délai de huit jours (jusqu’au 5 décembre). Sa mission, selon M. Gérard Gourgues, est de travailler à créer un itinéraire par lequel passeront les forces vives de la nation, les partis politiques et les institutions pour aboutir aux élections…

Les élections législatives et municipales ainsi que les présidentielles, a avancé le chef de l’Etat, doivent avoir lieu durant la même année. Quant aux présidentielles, elles se réaliseront en octobre 2015 selon les échéances constitutionnelles, moyennant que des complications financières ne viennent se greffer là-dessus.

Toutefois, point n’est besoin de s’en prendre au chef de l’Etat, car cette crise électorale est, pour lui, comparable à celle connue par ses prédécesseurs entre 1992 et 2010. En outre, il déplore le comportement des sénateurs de l’opposition qui ont empêché le vote des amendements de la loi électorale. Ce comportement dénote, pour les pro-gouvernementaux, un blocage juridique volontaire.

Par ailleurs, le président Martelly trouve ses pieds dans son petit soulier de baptême. Cette commission lui est un véritable fouet, surtout avec M. Gérard Gourgues, cet homme de loi âgé de 89 ans, qui se passe de présentation. M. Gérard Gourgues lui met les bâtons dans les roues. Il déclare : « Monsieur le président de la République, les décisions que nous aurons à prendre après examen du dossier, les formules que nous aurons à adopter vous seront transmises et nous vous demanderons dans l’immédiateté de vouloir les traduire en acte pour que la nation puisse dire que nous avons enfin un gouvernement, une élite capable… » Il a ensuite, dans son discours, fait savoir au chef de l’Etat que ce ne seront pas des conseils, mais des ordres, des recommandations impératives. Ces propos lui ont valu un tel tonnerre d’ovations que le président Martelly est resté bouche bée. Sans pitié, il a martelé qu’il faut dire halte-là à la médiocrité, halte-là aux ambitions malsaines et traçons la route directe pour que nous arrivions à des élections comme dans tous les pays de la guerre, et que nous cessons d’être ridicules et stupides aux yeux de la communauté internationale. Peut-on dire que ce gros bonnet de la politique a jeté son bonnet par-dessus les moulins ?

Espérant que cette commission accomplira sa tâche, je trace ici la ligne politique de Evans Paul, un membre de ladite commission : la voie du consensus politique, nécessaire au progrès économique et social du pays, notre pays, Haïti. Aucun pays, a-t-il souligné, ne s’est développé dans le chaos, à partir d’un champ de ruines et d’instabilité.

la commission consultative composée de 11 membres
la commission consultative composée de 11 membres
Me Gérard Gourgues, Mgr Patrick Aris, M. Evans Paul, Pasteur Chavannes Jeune, M. Paul Loulou Chéry, Mme Odette Roy Fombrun, M. Gabriel Fortuné, M. Réginald Boulos, M. Rony Mondestin, M. Charles Suffra, Mgr Ogé Beauvoir.

Eliphen Jean


Haïti à l’arrière-garde de la démocratie

Crédit photo: Eliphen Jean
Crédit photo: Eliphen Jean

Aujourd’hui où le drame sociopolitique d’Haïti, affreux et sanglant, laisse sentir les effets rétroactifs et même symptomatiques de plus graves crises à venir, où la chance de survivre n’a été si faible aussi bien dans le temps que dans l’espace existentiel national, il est nécessaire de repenser la démocratie. Repenser la démocratie afin qu’elle ouvre une porte à l’espoir de changements, sans garantir à quiconque le paradis sur terre. Repenser la démocratie afin de compenser les inégalités sociales et aplanir la voie d’un véritable progrès démocratique. Pour y arriver, l’élite politique, bien formée, doit élever la masse vers elle par une éducation citoyenne basée d’abord sur les valeurs élitaires et des théories démocratiques. Elle doit encourager la participation des citoyens à la vie publique, et la volonté populaire ne doit pas être une fiction.

Comme partout, la politique est, chez nous, une guerre sans effusion de sang. Notre démocratie, déjà trop suicidaire, est à ressourcer. On n’en parle même pas à l’école. À peine que quelques bons scolarisés savent que c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, une affirmation d’Abraham Lincoln sur le champ de bataille de Gettysburg en juillet 1863. Le gouvernement haïtien est donc loin d’être démocratique, puisqu’il se repaît de la souffrance du bas peuple, comme les nantis de la bourgeoisie. Or, comme le voyait Maximilien de Robespierre, le principe fondamental du gouvernement démocratique ou populaire, c’est la vertu, cette vertu qui n’est autre chose que l’amour de la Patrie et de ses lois. Un bon gouvernement doit alors être perméable aux cris déchirants et désarticulés de la masse populaire. Il doit se montrer touché par la situation déshumanisante de son peuple en réalisant des entreprises capables de générer des emplois. Ce n’est pas en distribuant des kits de survie qu’on sauvera Haïti de la faim, mais en résorbant le chômage. Mais, quel gouvernement avons-nous ? Un gouvernement de mouvance despotique et malveillant.

Toutefois, à l’aune des faits, on se demande si la démocratie qu’on a en Haïti n’est pas une forme de dictature : le peuple élit des représentants qui décident en son nom, et à l’encontre de ses besoins réels. Des représentants qui font fortune dans la misère du peuple… Cela ainsi compris, il est clair que le droit de vote donne plutôt l’illusion d’être en démocratie, et qu’il y a tout un gouffre insondable entre les théories de la démocratie et la réalité démocratique haïtienne. Cette démocratie ne se repose pas sur le respect de la liberté et de l’égalité des citoyens. Elle est plutôt l’expression d’une politique déshumanisante, elle constitue une sorte de paravent qui favorise le monstrueux travestissement de corruptions et la prolifération de rats dans la faune politique. En effet, pour résoudre la crise démocratique, on doit d’abord ressourcer la démocratie, on doit l’étudier dans sa complexité et proposer des cours y afférents à l’école. Une démocratie qui n’est pas enseignée à l’école est une démocratie tyrannique. Devenir un pays démocratique n’est pas un changement facile, c’est tout un processus.

Éliphen Jean


amour à l’encre noire

Je t’aime
toi ma prostituée
au cul public et commercial
je t’aime à l’encre noire

je t’aime
toi ma vierge défoncée
pour qui je suis pervers
je t’aime à l’encre noire

je t’aime
toi ma vie ma chanson de toujours
que je livre à la houle des passions nègres
je t’aime à l’encre noire

à l’encre noire
je veux retracer ton passé
à l’horizon des îles
pour des éclaircis d’espoir
et
pour saluer ce nouveau jour
qui point à la coque de l’horizon
en ovules de sang…

je t’aime à l’encre noire
Haïti au cul public et commercial

Eliphen Jean


L’arrivée équivoque de la Marine britannique en Haïti

Crédit photo: lenouvelliste.com
Crédit photo: lenouvelliste.com

Cap-Haitien, deuxième ville d’Haïti, mais surtout, le théâtre de grands événements politiques dans l’histoire de ce pays, vient d’être alarmée ce dimanche 23 novembre par l’arrivée équivoque de la frégate de la Marine britannique, HMS Iron Duke. Une frégate de type 23 qui devait faire escale pendant deux jours dans la rade de Cap-Haïtien, lors de son trajet de retour à son port d’origine, Portsmouth, après un déploiement de 6 mois dans le Sud de l’Atlantique.

La population capoise n’a même pas été informée par les responsables municipaux, affirment certains.

Lors d’une conférence de presse, l’ambassadeur britannique accrédité en Haïti, Steven Fisher, a tenté de faire croire à la population, que c’est une façon traditionnelle pour la Marine de manifester son respect à chaque pays qu’elle visite.

« Cela fait longtemps depuis qu’un navire de guerre de la Marine Royale a visité Haïti, et nous tirerons une salve d’honneur de 21 coups de canons quand nous arriverons afin de marquer cette occasion » a déclaré le Commandant de HMS Iron Duke, Tom Treday.

Cette visite s’inscrit dans les engagements régionaux avec les Nations partenaires du Royaume-Uni en Afrique et aux Caraïbes, et aurait pour but de maintenir la présence de la Marine Royale dans cette région.

Les marins britanniques ont pris part à des activités communautaires avant d’affronter dans un match de football une équipe locale.

Toutefois, je souligne que cette visite agite davantage le spectre de l’Occupation, et terrorise une masse populaire déjà misérable et déshumanisée.

Eliphen Jean